« Cultiver la terre, nourrir les hommes » retour sur l’Assemblée Plénière des évêques de France

Le reconfinement a conduit, cette année, le Conseil permanent des évêques de France à renoncer à tenir l’Assemblée plénière de novembre 2020 à Lourdes comme à l’accoutumée. Celle-ci s’est déroulée intégralement en visioconférence, chaque évêque restant dans son diocèse.
Six jours de travaux et réflexion commune
Réunis en Plénière d’automne par visioconférence, restrictions sanitaires obligent, l’épiscopat français a travaillé, du 3 au 8 novembre 2020. « Cultiver la Terre et se nourrir », c’est le thème sur lequel les évêques et leurs invités diocésains ont particulièrement planché. L’agriculture, la ruralité mais également d’autres thèmes majeurs ont été abordés, comme la lutte contre les abus ou certaines questions d’actualité.
Témoignage de Jacques invité à la conférence des évêques
Cette année Monseigneur Delmas a proposé à un diacre (Jacques Pezot) et une laïque (Mme Lacarelle) de participer à cette Assemblée Plénière pour l’aider à discerner sur les sujets abordés.
Rencontre avec Jacques Pézot, diacre de la paroisse Notre-Dame-en-Chemillois
- Jacques Pézot
Pourquoi avez-vous été invité aux travaux de la Conférence des Evêques de France (CEF) ?
La CEF invite des laïcs pour élargir, les domaines d’échanges, et j’ai été invité par notre évêque, en tant qu’agriculteur, par l’intermédiaire du CMR. Une autre agricultrice, Fleur Lacarelle, maraichère en circuit court à Longué-Jumelle, a aussi été invitée. Sont présents à ces réunions, 320 personnes en visioconférence, dont environ 180 personnes invitées en plus des évêques.
Quel est votre sentiment vis-à-vis de cette invitation ?
J’ai accueilli cet appel avec joie. L’annonce de partir a Lourdes était également un moteur fort mais les conditions sanitaires ont redistribué les cartes. Je ne savais pas que les évêques appelaient laïcs à participer à leurs réflexions. Je suis très reconnaissant de cette expérience.
Quels sont les thèmes qui ont été abordés ?
Le thème général est : « cultiver la terre, nourrir les hommes » pour que chacun ait accès à l’alimentation à travers le monde. Et ce sujet est traité bien sûr en lien avec « Laudato si ».
Il y a eu l’intervention de Régis Dubourg, directeur des chambres d’Agricultures, qui a fait une rétrospective sur la faim dans le monde. En 2020, le monde a fait beaucoup de progrès depuis des siècles en pourcentage de personnes encore touchées mais il reste néanmoins 800 millions de personnes qui souffrent de la faim à travers le monde.
Nous avons écouté le témoignage d’un jeune agriculteur, Aurélien, qui se pose des questions sur sa vie d’agriculteur. Il avait été voir le pape avec un groupe. Il a exprimé ses difficultés de vie, il voudrait faire évoluer son système, mais il se sent assez seul. Il met l’accent sur la « fraternité » humaine, sur « l’harmonie avec le monde vivant », et il remet en cause nos manières de produire et de travailler.
Puis a suivi le témoignage de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, qui a exprimé comment elle voyait le lien entre Laudato si et son métier. Pour elle, l’agriculture est un métier noble, elle a la chance de travailler avec du vivant. Elle note que la société a besoin de tous les agriculteurs ; elle est bien consciente de la transition écologique à effectuer, et demande un commerce équitable pour tous les agriculteurs. Elle a cité Edgard Pisani : « nous aurons besoin de tous les agriculteurs et de toutes les terres pour nourrir le monde ».
Enfin, le Père Francois Euvé, théologien a expliqué le lien entre bible et agriculture : « Dieu a mis sur la terre des animaux et des plantes pour se nourrir » et l’homme doit les exploiter dans le respect.
Lors de ces interventions du mardi et mercredi, il a fallu être a l’écoute. Il y a eu quelques petits temps de partage qui ont aidé à amorcer la réflexion de chacun.
Quelles ont été les suites de ces échanges ?
Nous avons eu des carrefours, en visioconférence, dans des groupes où étaient répartis au hasard les évêques et les autres participants. Cela a permis à des évêques peu au fait des choses agricoles de se rendre compte des défis et des difficultés de ce métier et de ce qui est vécu dans le monde rural.
Le dialogue avec les évêques répartis dans chaque groupe s’est fait naturellement car ils se sont montrés très à l’écoute et preneurs d’idées. De plus, samedi matin a été l’occasion d’échanges plus nourris au cours desquels chacun a pu être entendu peu importe le statut et la raison de son invitation à participer à l’événement (évêque ou laïc).
45 ateliers sur des thèmes variés ont été proposés. J’ai pu participer à un atelier de 50min, dans lequel tout ce qui a été échangé a été noté et pris en compte pour la suite des réflexions. J’ai trouvé ses échanges très enrichissants et pertinents.
L’expérience n’est pas terminée puisque samedi prochain, nous sommes invités à nous rassembler une dernière fois afin de ressortir les grands thèmes pouvant être mis en application sur les différents diocèses.
Des espoirs et projets à la suite de cette participation à la Plénière ?
Nous avons déjà échangé plusieurs fois avec Fleur Lacarelle, que je ne connaissais pas avant cette expérience. Nous aimerions pouvoir échanger avec Monseigneur Delmas à 3, pour voir ensemble comment s’organiser et poursuivre la réflexion sur notre territoire dans les mois à venir. Nous espérons pouvoir peut-être mettre en place des nouvelles choses sur le diocèse pour que cette expérience porte du fruit.
Vous pouvez retrouver ces témoignages en vidéo en cliquant ici : https://toutestlie.catholique.fr/