Journée mondiale des pauvres : l’appel local du Secours Catholique en Maine-et-Loire

Aujourd’hui, en France, des personnes disposent de 2 à 9 euros par jour, au mieux, pour se nourrir ou s’habiller une fois leurs dépenses contraintes, comme le loyer, réglées.
Ce dimanche devait se tenir la quête annuelle du Secours Catholique qui se voit reportée en raison de l’interdiction de célébrer le culte en public.

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Cette année, le rapport statistique 2020, qui fait état de la pauvreté en France, est complété par une analyse plus poussée sur les budgets des ménages. Celle-ci rend compte de l’évolution de la situation comparée aux résultats de la dernière enquête sur le sujet, faite il y a 10 ans.

Les chiffres nationaux

8 millions : le nombre de personnes en France qui ont besoin de l’aide alimentaire pour ne pas avoir faim. Ce chiffre représente 12 % de la population. C’est aussi huit fois plus que dans les années 1980. 1,4 million  : le nombre de personnes qui se tournent vers le Secours Catholique - Caritas France chaque année pour recevoir de l’aide pour pouvoir se nourrir ou être écoutées. La cause est simple : c’est l’insuffisance des revenus.
¼ : la part des personnes accueillies, essentiellement des étrangers dont la vie est suspendue indéfiniment à des aléas administratifs, et qui n’ont même aucune ressource financière. 2 à 9 € par jour et par personne : la somme restante pour vivre pour plus de la moitié des ménages accueillis par le Secours Catholique. Cela représente environ :

  • 537€ / mois pour les ménages accueillis, sans distinction
    Le seuil de grande pauvreté est estimé à 716€/mois. De nombreux foyers vivent donc actuellement sous ce seuil.

Quelle est la situation en Maine-et-Loire ?

La délégation du Secours Catholique en Maine-et-Loire représente aujourd’hui 1122 bénévoles répartis en 43 équipes locales qui animent 23 lieux d’accueil et accompagnent 5244 personnes.


En 2019, 140 000€ d’aide et 65 000€ d’aide alimentaire sous forme de tickets ont été distribués aux bénéficiaires du département sous forme :

  • Aide d’urgence ponctuelle (sur rendez-vous, les bénéficiaires potentiels sont orientés par les services sociaux lors d’un changement de situation, d’une absence de versement du RSA). L’équipe d’accueil discerne au sujet de l’aide et du montant attribué au cas par cas.
  • Aide au transport et à la mobilité (réparation ou achat de véhicule)
  • Microcrédit, pour rendre les bénéficiaires acteurs d’un achat ou d’une demande de formation. "Cette démarche est très lourde au niveau administratif et demande beaucoup d’énergie." Nous précise M. Paingano de la commission des aides.

Le secours Catholique ne fait pas de distribution alimentaire.

Peggy Grare, présidente de la délégation départementale du Secours Catholique, tient à rappeler que «  les personnes aidées par l’association sont des personnes courageuses qui essayent de s’en sortir et de se projeter dans un avenir plus favorable. Elles se battent au quotidien pour faire vivre leur famille et vivre dignement (manger, rester propre…). Ce ne sont pas des assistés qui profitent du système.  »

L’aide d’urgence et la commission des aides

Sur l’année 2020, au niveau départemental, 80 000€ sont alloués à la commission.

8 bénévoles travaillent ensemble pour traiter, de façon collégiale, les quelques 16 dossiers par semaine, envoyés par les assistants sociaux, concernant les différentes demandes d’aides. Chaque demande est étayée par des éléments remontés par les bénévoles ayant rencontré les demandeurs. Après une prise de décision communautaire, l’équipe informe les bénéficiaires et assistants sociaux puis, distribue aux bénéficiaires les chèques-services et bons alimentaires, réalisés sous contrôle comptable.

Des bénéficiaires mais avant tout des situations concrètes !

Les situations des foyers accueillis par le Secours Catholique sont très variées. Cependant, certains types de demandes sont récurrents, en voici quelques exemples :

  • Une personne seule avec 3 enfants vit un changement de situation professionnelle et est en arrêt-maladie longue durée en début de confinement. Elle voit également ses prestations être suspendue et se retrouve dans l’incapacité de payer ses factures.
    Aide fournie en fonction de la situation : aide à la suite de l’interruption de prestation
  • Une personne seule au RSA après avoir reçu la reconnaissance de son statut de travailleur handicapé ne trouve pas d’emploi. Le RSA ne lui permet pas d’assurer l’achat d’un nouveau frigo alors que le sien vient de tomber en panne.
    Aide fournie en fonction de la situation : aide sur l’achat mobilier (environ 2 dossiers de ce type sont traités par semaine pour l’achat de lit, frigo, machine à laver, poussette ou matériel pour l’accueil d’un enfant...)
  • Une personne seule avec enfants qui bénéficie du RSA et suis une formation.
    Aide fournie en fonction de la situation : aide à la formation (conduite, apprentissage du français, changement de parcours professionnel...)


Les rencontres bénévoles-personnes aidées permettent d’ouvrir les yeux et les horizons de chacun pour imaginer ensemble des espaces et des projets de fraternité au niveau local. Par exemple, une équipe de Chalonnes réfléchit au projet de construire un jardin solidaire.

La sortie de l’encyclique du Pape François « Tous Frères » fait écho aux besoins de fraternité énoncés par les délégués et bénévoles locaux.

Un reconfinement prolongé, quels risques ?

Dans le contexte actuel, la délégation du Secours Catholique de Maine-et-Loire met tout en œuvre pour maintenir un maximum de ses actions :

  • La domiciliation du courrier (afin que les ménages puissent continuer à venir récupérer leur courrier à la délégation locale d’Angers)
  • Les aides juridiques
  • Le suivi des mineurs non accompagnés le maintien des commissions d’aides (en effectif réduit et visioconférence)
  • L’accueil d’urgence sur rendez-vous
  • La distribution de chèques service spécifique COVID
  • Les appels téléphoniques pour prendre des nouvelles et garder le lien avec les personnes isolées
  • La distribution de masques, pour aider les foyers à supporter cette nouvelle charge contrainte.
  • Le maintien des maraudes à Angers, dans le respect des mesures de sécurité.

A l’heure actuelle, de nombreuses activités sont suspendues comme la boutique solidaire, les groupes de convivialités... Bénévoles et personnes aidées espèrent une réouverte rapide de ses espaces d’échange et de rencontre qui brise leur isolement.

Les risques d’un reconfinement prolongé sont de perdre de nombreux bénévoles ou de perdre peu à peu le lien avec les personnes isolées.

Un témoignage d’acteurs en paroisse

Sur les paroisses Saint Benoît et Saint Maurice, deux équipes de bénévoles accompagnent des personnes fragiles de toutes générations.
L’isolement et la précarité s’accentuent depuis le confinement sur le territoire.
Le cheminement aux côtés de ceux qui vivent « des galères » ou qui sont isolés nous ouvre les yeux sur ces réalités. Le contexte se complexifie. Des précaires et des intérimaires ont perdu leur travail ; des étudiants n’ont pas réussi à trouver de petit boulot pour financer leurs études ; des personnes au RSA-Activité ont perdu des heures de travail et avec elles une partie de leur faible revenu ; une vague de licenciements est redoutée à Saint Macaire…

"Même si nous n’avons pas à l’heure actuelle de surcroît de demandes d’aide financière, nous voyons bien que l’économie est fragilisée durablement et nous craignons que les plus fragiles soient plus les plus touchés par cette crise.
Par ailleurs, nous faisons aujourd’hui le constat d’un besoin immense de convivialité et de rencontres car le confinement a été vécu très difficilement et a malheureusement contribué à renforcer l’isolement de personnes déjà très seules notamment les plus âgées vivant à leur domicile et les victimes de la fracture numérique."

Pour ne rien arranger, de nombreux bénéficiaires sont aussi des personnes fragiles sur le plan de la santé. Le défi d’abandonner nos habitudes et d’être créatifs pour rejoindre les gens différemment, dans le strict respect des contraintes imposées par la situation sanitaire se pose…

« La rencontre fait tomber les préjugés ! » nous rappelle Armelle Guillembet, déléguée départementale.

Le rapport statistique annuel du Secours Catholique, sur le thème du budget des ménages

Des arbitrages impossibles


Avec des budgets aussi serrés et en dessous des minima pour vivre décemment, les foyers sont quotidiennement contraints à des choix/arbitrages impossibles : payer la cantine ou le loyer ? Se nourrir ou s’habiller ? payer le loyer ou les factures d’énergie ?

Des problématiques financières, mais pas que …

Les problématiques de manques de ressources financières ont souvent des répercussions sur d’autres dimensions de la pauvreté comme l’isolement, la peur de faire valoir leurs droits et d’être stigmatisés, la dégradation de la santé par renoncement aux soins... Ces privations rendent difficiles les projets et enferment dans la survie.

La prise en compte des multiples dimensions de la pauvreté, en plus de sa dimension financière, est indispensable pour mettre en place des politiques publiques permettant aux familles en grande précarité d’être pleinement actrices de leur destin et de sortir de la pauvreté.
Le Secours Catholique - Caritas France appelle l’ensemble de la société à changer son regard sur les plus pauvres d’ici comme d’ailleurs.

2020, une année difficile

A l’heure actuelle, en France, plus de 12% de la population ont recours à une aide alimentaire. Cela pose question ! Le Secours Catholique estime que les minima sociaux ne sont pas suffisants et que la crise actuelle entraîne une fragilité accrue des ménages les plus précaires.


Cette période a eu des effets immédiats : l’arrêt des cantines a entraîné une charge financière supplémentaire sur les ménages avec enfants, la diminution des transports publics et l’absence de véhicules personnelle ont mis de nombreux emplois en péril, ainsi de nombreuses demandes d’aides alimentaires ont été recensées. Les migrants ont également vécu des parcours difficiles dus à leur situation de non-droit. Ils ont représenté la moitié des demandes d’aide alimentaire ou des frais de timbre pour accéder à l’emploi.
Le nombre d’allocataires du RSA a augmenté de 10% en France depuis le confinement et risque encore d’augmenter.

« La crise nous affecte tous, mais pas de la même manière. »

« Aujourd’hui, on paye le prix de cette précarisation. » rappelle Thomas Piketty D’après Thomas Piketty, économiste français spécialiste des inégalités économiques et sociales. « Mais cette crise doit nous faire prendre conscience qu’il faut aller beaucoup plus loin dans la transformation de notre système social. »

C’est pourquoi, l’association demande la mise en place d’un revenu minimal universel de 893€ pour permettre aux personnes de rebondir et repartir. Leur expérience de terrain leur permet d’alimenter ce plaidoyer afin que les plus pauvres aient accès à une vie digne. Le Secours catholique intervient au niveau national aux côtés de nombreuses associations auprès des politiques à ce sujet.


Peggy Grare rappelle que « Le Secours Catholique est en lien perpétuel avec l’Église qui est d’un soutien très précieux. Notre association ne vit que de dons et de bénévolat pour perpétuer sa mission. Elle ne dépend pas d’appels d’offres ou de financements publics, ce qui lui laisse une liberté de parole et d’action dans sa mission. »

Ce dimanche et le reste de l’année, vous êtes invités à accompagner le Secours Catholique dans vos prières, mais également financièrement.
Retrouvez toutes les informations concernant les dons sur https://www.secours-catholique.org/...