« La vie est plus forte » : paroles d’aumôniers de la santé

Un an après le Covid, quelle espérance chrétienne dans les établissements de santé, au bout de longs mois de solitude et de relations chamboulées par la pandémie ? Trois aumôniers témoignent qu’à travers le dévouement sans limites de certains accompagnants ou un sourire retrouvé, Dieu est toujours présent.

Épuisement, découragement… Aux Capucins à Angers, depuis un an, l’impossibilité de sortir en famille ou de prendre ses repas en salle à manger a laissé des traces. Au Centre médico-psychologique (CMP) aussi la période a été difficile : les patients se sont retrouvés « seuls face à eux-mêmes, face à leurs fragilités ou leurs angoisses... ».

De moments douloureux que tous ont traversé : malades, personnels soignants, bénévoles et aumôniers.

Une année difficile

Il est arrivé à Élisabeth, aumônière au CHU, de sortir « les larmes aux yeux » après une visite à un malade « derrière une vitre en plastique ». Avant, les contacts étaient spontanés, faciles. « Les soignants nous indiquaient les noms de personnes à visiter, les besoins ». Aujourd’hui, même s’il y a eu des assouplissements, le personnel médical se concentre sur l’application des mesures sanitaires, les priorités sont ailleurs. « Les malades manquent de lien, cela leur enlève un certain dynamisme », déplore-t-elle.


Difficulté des visites - crédit Fotolia

Face à ces situations douloureuses pour tous, quelle espérance chrétienne malgré tout ?

À la relecture de cette année si particulière, les équipes d’aumônerie sont témoins, par mille petits exemples, que cette espérance existe.

Des gestes de fraternité, comme des trésors

Comme cet animateur des Capucins, au début du premier confinement, qui a sorti les résidents un à un dans le parc, afin qu’ils goûtent au printemps, ou ces bénévoles qui ont permis de rendre les visites plus humaines.
Ou cette équipe de bénévoles du CMP qui a adapté ses pratiques pour garder le lien avec les patients, en téléphonant ou en envoyant des courriers de soutiens dans les services.

Des « gestes de fraternité », comme des trésors pour les aumôniers, qui trouvent également « la force et le soutien pour continuer » grâce aux malades eux-mêmes : « notre espérance est nourrie et édifiée par celle dont nous sommes témoins, dans le cœur de ceux qu’on accompagne dans l’épreuve » témoigne Élisabeth.

Un baume réconfortant dont elle fait l’expérience lors de certaines visites au CHU. « Par la lecture du jour, par un psaume, on se rejoint vraiment. Quelle joie d’aller visiter son frère, de percevoir la lumière de la prière ou des sacrements. De ce qui lui donne vie, ce sont de vrais cadeaux » se réjouit-elle.

Bénédicte, aumônière au CMP, évoque le cas de patients qui viennent jusqu’à l’aumônerie « pour parler et être écouté afin de garder la tête hors de l’eau. C’est un de leur point d’ancrage pour ne pas tomber. Beaucoup me demandent de prier ensemble. Ils expriment leurs difficultés mais aussi leurs projets, ce qu’ils peuvent encore espérer de la vie. » admire-t-elle.


Gestes fraternité - crédit Fotolia

« Dieu vient sans cesse à notre rencontre »

Du côté des chefs de service et des cadres de santé, on s’est mobilisé aussi. En accord avec la direction, une réflexion a été menée pour « limiter au maximum les interdictions » détaille Clotilde aux Capucins.
Encore aujourd’hui, de vraies petites lumières qui jaillissent du cœur de chacun, toutes fonctions confondues.

Pour Élisabeth, Bénédicte et Clotilde, cette conviction que « Dieu vient sans cesse à notre rencontre » offre chaque matin une bonne raison de garder l’espérance et de « continuer le chemin. Plus apaisées. »

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Service Santé solidarité