Le Secours Catholique face à la précarité étudiante à Angers

Célia, volontaire au Secours Catholique en Maine-et-Loire, a réalisé une synthèse sur la précarité étudiante à Angers. Accès aux droits, difficultés pour se déplacer ou pour disposer d’outils informatiques : les préoccupations ne manquent pas. Le Secours Catholique de Maine-et-Loire réfléchit à des actions nouvelles en direction des étudiants...
Célia, 22 ans, a été volontaire civique auprès de la délégation du Secours Catholique en Maine-et-Loire jusqu’en avril 2021. Elle était impliquée pour des actions auprès de personnes à la rue ou isolée, mais aussi auprès du réseau des jeunes de l’association (étudiants, jeunes professionnels) qui réalisent, entre autres, des maraudes.
Le Secours Catholique 49 lui a confié la réalisation d’une synthèse sur la précarité étudiante à Angers, alors que les confinements ont rendu plus visible la situation inquiétante de nombreux étudiants.
Pourquoi ce travail sur la précarité étudiante ?
Lors d’un séminaire avec un géographe de l’Université d’Angers en novembre dernier, nous avons fait une plongée dans la réalité de la vie d’une fraction non négligeable des étudiants angevins. Au Secours Catholique, nous avons pris la mesure de la gravité de la situation.
Aujourd’hui, il n’existe pas d’action spécifique à Angers du Secours Catholique en direction des étudiants. La décision a été prise d’approfondir cette question à travers des rencontre avec l’Université d’Angers, des des associations déjà actives auprès des étudiants en difficulté, une assistante sociale, des étudiants concernés, etc.
Mon travail a ensuite pris la forme d’un dossier, d’une synthèse, pas d’une étude systématique.
La question du logement des étudiants revient souvent dans les médias. Qu’en est-il à Angers ?
Le nombre d’étudiants a beaucoup augmenté ces dernières années (42 000 étudiants [1] ). Cette augmentation rapide pose des problèmes en terme de disponibilité de logements adaptés.
Je me suis rendu compte que cette question du logement génère beaucoup de stress et d’anxiété pour les étudiants. Cela peut amener certains à avoir des mauvais résultats, ou même à manquer des examens à force de passer d’un matelas à l’autre. Une étudiante rencontrée a même passée deux semaines à la rue en début d’année.
La disponibilité de logements est la plus grosse urgence aujourd’hui, en vue de la rentrée 2021 à Angers. De nombreux propriétaires qui louaient une chambre au sein de leur domicile y ont renoncé en raison de la crise sanitaire : cela a aggravé les tensions.
Quels sont les autres champs de la précarité étudiante ?
Avec le Covid, beaucoup d’étudiants se sont retrouvés avec un manque de ressources car ils n’ont pas pu travailler : job étudiant pendant l’année ou l’été.
La question de l’alimentation est donc un vrai problème pour des étudiants. Quand on a un petit budget certains repas peuvent passer à la trappe.
Malgré tout, sur Angers, les distributions alimentaires et les repas à prix modiques existent et couvrent plutôt bien la demande de ceux qui se font connaître. Une épicerie solidaire pourrait voir le jour dans les mois qui viennent.
La précarité numérique est un autre aspect qui impacte la vie des étudiants et leurs apprentissages : accès à une connexion Internet, à un ordinateur adapté, à un forfait téléphonique, etc.
Pour certains le coûts des transports en commun (abonnement, ticket) impacte directement les apprentissages en rendant plus difficile les déplacements.
Il n’existe aujourd’hui pas ou peu de de solutions pour répondre à ces problèmes d’accès au numérique et au transport en commun : une réponse reste à imaginer dans ces domaines.
Je n’oublie pas la question de la santé, en particulier pour les étudiants internationaux, qui faute de couverture adaptée, doivent renoncer à certains soins ou à des médicaments de base.
Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire sur les étudiants angevins ?
Une année difficile, car l’isolement pèse beaucoup. Plusieurs étudiants l’ont partagé : "Je déprime".Une jeune étudiante nous a confié qu’elle n’avait pu avoir de relations véritablement suivie avec qui que ce soit pendant quatre mois.
La solitude a aussi empêché certains étudiants de trouver un soutien, des conseils amicaux pour régler des problèmes pratiques liés à leurs études ou à la vie quotidienne.
Les confinements ont rendu difficile l’identification des étudiants concernés qui ne se sont plus rendus en cours ou dans les lieux où ils auraient pu faire part de leurs difficultés.
La situation sanitaire a compliqué les démarches administratives pour gérer son quotidien et surtout pour pouvoir accéder aux aides et faire valoir ses droits. On a pu se rendre compte que le soutien pour les démarches administratives en direction des les étudiants étrangers était insuffisante.
Quelles actions envisagez-vous au Secours Catholique dans les mois qui viennent en direction des étudiants ?
Cette synthèse a permis de mieux situer les champs d’actions possibles pour aller vers les étudiants en précarité. Le Secours Catholique 49 réfléchir à ouvrir un lieu d’aide administrative pour les étudiants étrangers qui sont les plus impactés par la crise actuelle.
Des aides spécifiques pour les étudiants pourraient être mises en place, en fonction de critères, de profils d’étudiants sans ou avec peu de ressources. On peut imaginer un système de micro-crédit pour l’acquisition d’outils numériques.
Aller plus loin :
Le Secours Catholique en Maine-et-Loire
[1] source Université d’Angers