Relire le confinement et parler de l’Avent avec les séminaristes

À l’occasion de l’approche du déconfinement et du cheminement dans la période joyeuse de l’Avent, les séminaristes diocésains partagent avec nous leurs relectures de cette période de confinement et leurs conseils pour vivre un Avent rempli de joie et d’attente.


Une relecture du confinement


Où avez-vous passé le confinement ?

Augustin : Je suis toute cette année scolaire en stage en tant que séminariste dans les paroisses Saint-Lézin (Trélazé et Saint Barthélemy) et saint Jean Bosco (les Ponts de Cé). Je suis donc resté parmi les prêtres de la communauté Saint-Martin à qui l’évêque a confié ces deux paroisses.
Mes missions sont principalement liées aux catéchismes dans différents niveaux.

Vincent : Je suis cette année stage inter-cycle dans les Yvelines au Mureaux. Je suis au service de l’association Le Rocher qui est une association catholique d’objet laïc. J’y ai donc passé le confinement.
Mes missions sont axées sur l’accompagnement à la scolarité, l’accompagne des parents dans la parentalité et l’animation de rues qui consiste à proposer des temps de jeux en extérieur aux enfants du quartier.

Matthieu V : Les familles ont vécu un reconfinement chez eux, pour notre part, le recteur nous a demandé de rentrer au séminaire pour y vivre le confinement – ce confinement nous a été « imposé ». Ce donc pourquoi avec Aimé, Benoît et Matthieu D nous avons partagé ce reconfinement au séminaire en communauté avec nos frères.
Pour moi le plus compliqué dans cette période a été de ne pas avoir de lieu pour se changer les idées car nous étions en permanence dans le séminaire sans possibilité de vivre de temps plus calme en paroisse. De plus la nuit baisse, il pleut plus c’est moins évident de tenir. Cependant être ensemble nous a permis de faire communauté et d’apprendre à mieux connaitre nos frères.

Aimé : J’ai mieux vécu ce confinement que le premier car d’un point de vue de séminariste, nous avons pu grâce à notre vie au séminaire, continuer à vivre la messe, poursuivre nos cours, et notre accompagnement avec notre accompagnateur. Je me suis senti mieux accompagné que lors du premier confinement

Matthieu D : Pour ma part, j’ai bien vécu ce confinement car le vivre avec toute la communauté réunie c’est avéré être un très bon soutient

Benoît : J’ai eu des difficultés avec ce nouveau confinement car le fait de ne pas pouvoir retourner en paroisse (1weekend sur deux) m’a pesé. Nous vivions à quarante personnes en permanence et j’ai vraiment ressenti le besoin de voir d’autres visages. J’ai donc vraiment hâte de retourner en paroisse et de vivre une autre ambiance. Je ne suis pas appelé à être moine !!

Que retenez-vous de cette période ?

Augustin : Je retiens que nous sommes réellement des êtres de relation et que lorsque nous sommes coupés des relations aux autres, il est facile de perdre en humanité. Malgré cela, le Seigneur nous accompagne réellement au milieu des difficultés. Il se sert de tout pour faire le bien. Je pense à toute la créativité et l’émergence d’idées qui ont permis de vivre ce confinement au mieux. Parfois je pense même que Dieu s’est servi du confinement pour un bien encore plus grand.

Vincent : J’ai vécu ce reconfinement avec une certaine frustration car nous avons dû annuler des activités grâce auxquelles nous rencontrions des personnes isolées. Malgré cela, je retiens de cette période qu’il a fallu s’adapter, savoir être souple et ne pas se laisser prendre au dépourvu.

Benoît : Cette période nous a fait travailler l’humilité. J’ai dû accepter de ne pas tout maitriser, qu’on ne fasse pas tout comme je le voudrais et aussi accepter l’autre comme quelqu’un de différent. Cette période m’a aidé à ressortir grandi de la différence de l’autre.

Matthieu D : Je relève que nous avons eu des difficultés à vivre dans l’unité car nos points de vue étaient souvent divergents et nos ressentis face au reconfinement étaient différents selon les séminaristes. Malgré cela je suis content que nous ayons pu être ensemble et apprendre à faire communauté.

Aimé : Je retiens pour ma part la confiance : la confiance d’être tous ensemble et donc notre confiance en les autres mais aussi envers le conseil du séminaire qui a demandé de vivre ce confinement ensemble. Cette expérience nous a permis de bâtir des relations de frères.

Matthieu V : Je conclurais ce point en mettant en avant que notre obéissance a été mise à l’épreuve. Nous avons fait confiance à l’Église qui nous a fait venir au sein du séminaire. Les règles qui nous ont été imposées ont été accueillies avec de l’humilité, de l’amour et la confiance qu’on doit avoir envers le Christ.

Qu’est-ce que le reconfinement a changé dans vos habitudes (cours, vie au séminaire ? en paroisse ?)

Augustin : Pour ma part, les dimanches ont été jours du Seigneur : lorsque le nombre de fidèles était limité à 30, nous avions plusieurs célébrations ; lorsque personne ne pouvait venir à la messe, nous leur apportions l’eucharistie, et nous disposions de l’adoration pour que chacun puisse prendre un temps pour le Seigneur. C’était magnifique de voir la ferveur des gens !
A travers mon engagement à vivre en permanence en communauté est que je suis toute l’année à la communauté locale. Je ne vis donc pas la même chose au séminaire que les autres. Cette période m’a permis de vivre une vie en communauté plus facilitée (diner tous les soirs ensemble). La vie en communauté était plus forte.

Vincent : Mes habitudes n’ont pas tant changé car à travers ma période de stage inter-cycle je ne suis pas en lien avec une paroisse. Cependant cette période a changé mon point de vue vis-à-vis de mon pouvoir d’action. Mon statut particulier m’a permis de bénéficier d’une attestation qui me permet de me déplacer dans la cité des Mureaux sans limitation.
Vivre dans la cité fait sauter les clichés que je pouvais avoir. Cela m’a permis de me rendre compte de la profondeur de mon humanité et c’est ce qui me motive à aller de l’avant. Les habitants traversent de grosses épreuves dans leur quotidien. J’ai une sacrée chance de vivre cette vie-là, je rends grâce au Seigneur pour ça.
Vivre cette mission en tant que séminariste reste compliqué car j’ai beaucoup d’activités et une vie dense. Le suivi régulier, toutes les deux semaines, avec l’accompagnateur spirituel du séminaire m’a beaucoup aidé à partager mon ressenti et m’a permis de vivre la mission en confiance.

Aimé : Au sein du séminaire nos cours ont tous été maintenu. Ils ont été effectués par visioconférence, pour les Pères enseignants qui vivent à l’extérieur ou en présentiel avec les Pères qui vivent avec nous au séminaire. Concernant nos habitudes de vie, nous avons pu profiter de beaucoup plus de repas ensemble, de soirées films, de repas à thème, mais aussi de découvrir la culture des séminaristes qui viennent de loin, de vivre des temps conviviaux longs et plus fréquents.

Matthieu V : Ce reconfinement nous a permis de vivre des apostolats à l’extérieur (missions avec les petites sœurs des pauvres, maraudes auprès des SDF, rénovation d’une maison d’accueil pour les femmes …). Ces missions nous ont vraiment permis d’être acteurs de la vie communautaire malgré de ce confinement.
Nous avons également pris soin de prier pour nos paroisses durant ce temps où pour nous, les séminaristes et les pères, c’est une épreuve de ne plus être parmi vous physiquement.

En Avent avec les séminaristes


Pour vous que signifie l’Avent, Noël, l’Epiphanie ?

Augustin : Cette période autour de Dieu qui se fait homme - et encore plus : un petit bébé dans une crèche - est une source de joie ! De manière générale, tout le monde semble être en attente… de cadeaux, de vacances, de retrouvailles familiales, de recevoir Jésus tout particulièrement lors de cette belle fête etc. Nous sommes aussi en attente d’un nouveau départ : le jour va commencer à se rallonger, nous attaquerons bientôt une nouvelle année civile… tout cela fait espérer un nouveau souffle, nous tendons vers toutes ces nouveautés, pleins d’espoir… Et enfin nous attendons le Sauveur. Le Sauveur du monde, comme nous le rappellent les mages.
Voici donc ce que signifie pour moi cette période : nous sommes en attente, notre désir se creuse… et alors que notre désir est immense, Dieu nous envoie son Fils, tout humble et pauvre dans la crèche. Ce paradoxe me désarme mais me donne une aspiration à aimer simplement, à l’image de la Sainte Famille.

Vincent : L’Avent est pour moi une vraie période de joie profonde de l’attente du messie. C’est aussi une période de difficultés pour beaucoup car le froid et la fatigue s’installent et viennent peser sur de nombreux foyers. Nous devons rester dans l’espérance car l’épreuve ne ternit pas cette joie profonde avec les crèches et les décorations qui fleurissent partout. La simplicité de la crèche m’émerveille. C’est un peu fou de se dire que notre dieu est venu dans le monde manière très simple.
A travers Noel et la venue de notre Seigneur, nous sommes invités à vivre une vraie explosion de joie ! Je suis moi aussi pressé de pouvoir retrouver ma famille pour fêter la venue du Seigneur.

Aimé : Pour moi c’est un temps privilégié qui nous prépare à fêter Noël. C’est vraiment un temps spirituel de préparation. Comme lors du Carême, nous sommes invités à préparer nos cœurs.
Dans la retraite de rentrée, on nous a prêché le commandement de la joie, car oui ! la joie se commande et se donne (St Paul « soyez dans la joie »)

Benoît : J’ai la joie de l’attente de la venue du Christ et de l’attente de sa venue dans la Gloire. C’est pour moi une source d’espérance. L’ambiance de cette période est joyeuse avec les décorations.

Matthieu D : Je rejoins Benoît sur le côté joyeux de cette période. Ce temps renouvelle mon espérance et m’oblige à la joie. Je m’oblige à repenser ma vision de la joie, et à réfléchir sur ce que j’attends et ce que j’espère.

Matthieu V : Noël me rappelle l’incarnation du Seigneur en nous, car on vit sa venue intérieurement. En Avent, il s’agit de se préparer, se convertir, être dans l’attente de son retour mais aussi de le vivre de manière très joyeuse.

Avez-vous un message à transmettre à la communauté diocésaine ?

Augustin : Les évangiles des 2e et 3e dimanches de l’avent nous présentent la figure de Jean-Baptiste qui cède sa place devant le Messie, il le désigne… Il me donne donc un grand message : montrer Jésus aux hommes et « préparer Ses chemins pour donner à Son peuple de connaître le Salut ».

Vincent : Je vous invite à vivre l’Avent avec une citation propre au rocher : Oser la rencontre, choisir l’espérance. Ce message fait vraiment sens dans cette période d’attente : choisir l’espérance… pour vivre l’espérance il faut accepter de poser chaque jour un regard humain sur chaque personne même si elles n’ont pas la même culture et la même origine que nous, car elles portent quelque chose du Christ. Il faut s’accrocher à l’espérance.
Je vous confie la mission du Rocher. Je vous invite également à prier pour les séminaristes. Je pris également pour qu’il y ait de nombreuses vocations dans le diocèse. Il ne faut pas hésiter à renouveler cette prière pour qu’elles fructifient.

Matthieu D : Nous invitions toutes les personnes qui le souhaitent à nous transmettre leurs intentions de prière sur le site du séminaire.

Benoît : En cette période de l’Avent, à la suite du Christ, nous vous invitons à préparer vos cœurs à accueillir son incarnation dans tous les moments de vos vies.
Nous vous invitons à prier pour nous et aussi pour les vocations et les futurs séminaristes.
Nous prions avec vous pour les nombreux prêtres du diocèse et notre évêque.

Aimé : Nous vous invitons tout particulièrement à être dans la joie et à accueillir le Seigneur en vous, car seul le Seigneur nous rend heureux. Comme dirait Monseigneur Delmas il faut « suivre la béatitude qui rend heureux ». Il faut être dans l’espérance car le Christ a déjà gagné – gardons la fidélité et l’espérance.

Matthieu V : Dans ce temps aride, difficile pour beaucoup, prions pour toutes les âmes qui cherchent Dieu et rendons grâce à Dieu de l’épreuve que nous vivons afin de toujours se centrer sur l’essentiel : Le Christ ! Recherchons l’unité en Jésus.