Sophie Roux : « les jeunes, moi j’y crois ! »

Sophie Roux aime les jeunes. Cette quinquagénaire dynamique est accompagnatrice de deux équipes JOC et d’une équipe d’aumônerie dans le choletais. Malgré les restrictions sanitaires, elle continue d’organiser les rencontres et d’encourager leurs talents. Ensemble, ils ont travaillé sur la campagne 2021 de la JOC qui avait pour thème les préjugés.
Malgré les restrictions liées au Covid, Sophie Roux poursuit les séances. Deux équipes de dix jeunes de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) « en âge lycée » se retrouvent toutes les trois semaines. Et tous les quinze jours, elle rassemble une équipe de collégiens de 6e – 5e de l’aumônerie en lien avec la paroisse bienheureux Antoine Chevrier de Cholet.
Garder le lien malgré la pandémie
En ce moment, une période pas facile. L’animatrice déplore l’obligation de distanciation : « incompatible avec la jeunesse. Un jeune, par définition, ça ose. Si on les brime, on les maintient dans l’enfance et ils vont passer leur vie à demander l’autorisation pout tout. » explique-elle. « S’ils ne sont plus en relation, comment demain iront-ils vers leurs frères ? » Un chantier auquel elle travaille en s’appuyant sur la devise du fondateur de la JOC le père Guérin : « Si je ralentis, ils s’arrêtent. Si je m’assois, il se couchent. Si je marche devant, ils me dépasseront. Si je leur donne la main, ils deviendront frères ».
- Sophie Roux (crédit : paroisse Bienheureux A. Chevrier)
Des mots qu’elle tente appliquer au fil des séances, d’où elle revient parfois « avec des petits miracles ». Comme ce mercredi de février, quand une élève de 12 ans lui a dit : « j’y connais rien à Dieu, je sais juste que c’est l’amour de le monde ». « L’amour de le monde » a été la base de la séance. « Il faut s’adapter, voir plus loin, savoir sortir des cases. Sinon, on passe à côté d’un tas de choses. Il faut garder le cœur grand ouvert » explique l’animatrice qui fait tout pour que les jeunes aient du plaisir à se retrouver.
Et ouvrir son cœur, cela tombe bien car cette année, la campagne de la JOC porte sur les préjugés : « Au-delà des masques, faisons tomber les préjugés ». Sophie Roux y a travaillé avec les plus grands. « Il a déjà fallu qu’ils se regardent… » précise cette mère de six enfants, émerveillée par l’inventivité des jeunes venant parfois de milieux défavorisés.
- Défilé des préjugés en octobre 2020
Pendant le deuxième confinement de novembre, ils se lancent tous ensemble dans la création d’une chanson à partir de l’air du chant des partisans.
Mettre en valeur les talents de chacun
« Chacun a formulé des phrases. On a mis en commun. Sous un porche avec un chocolat chaud, et le synthétiseur. Un élève de Segpa a fait la batterie, un autre a écrit le texte, un autre s’est occupé des bruitages etc. on a mis en valeur les talents de chacun ».
Des préjugés ? Par exemple : « Y a pas que les noirs qui dansent. Y a pas que la drogue dans les cités ». Ou encore : « à chaque fois qu’on voit un arabe dans une grosse voiture, c’est forcément qu’il deale ». Non, pas forcément.
Chanson, exposition des préjugés sur des grands cartons… Les artistes se sont produits lors d’une veillée de Noël à succès devant toute la JOC. Un défi qu’ils n’oublieront pas.
Quant aux plus jeunes, fin décembre ils ont fabriqué un grand puzzle. « On a coupé une feuille et donné un bout à chacun, puis chacun devait l’envoyer à un autre » explique Sophie qui en a profité pour glisser quelques apprentissages, comme remplir une enveloppe. Après tout, la JOC n’est-elle pas un mouvement d’éducation populaire ?
- Le puzzle des collègiens
Lors de la séance suivante, les élèves ont assemblé les morceaux du puzzle. Mais il en manquait car certains ne l’avaient pas fait. « Ils ont dit : pas grave, on en fait un autre ! ». Le puzzle a été dessiné et valorisé.
« Ils ont créé du beau. Or créer du beau, c’est se rapprocher de Dieu » conclut Sophie Roux.