10 octobre 2024
Saint Daniel et ses compagnons
Saviez-vous qu’il existe une aumônerie des gitans et des gens du voyage ? Dans notre diocèse, cette pastorale méconnue est assurée par André Courtas, aumônier diocésain et diacre. Témoignage.
Camps itinérants, caravanes, familles sédentarisées, … qui sont les gens du voyage ? Comment les rejoindre avec le message de l’Évangile ? C’est la mission d’André Courtas, diacre du diocèse d’Angers en charge depuis quatre ans, de l’aumônerie des gens du voyage.
Aujourd’hui, la mission n’est pas tout à fait la même qu’autrefois, lorsque l’aumônier s’occupait plutôt d’aider à rechercher des terrains ou de savoir s’il y avait de l’eau et de l’électricité. La scolarisation des enfants, le travail en usine, rendent l’itinérance plus difficile et beaucoup de voyageurs se sédentarisent et se fixent sur un terrain ou en maison. Mais l’esprit, la culture « voyageurs » sont toujours là.
« Rendre visite, répondre aux demandes de sacrements, accompagner les évènements de la vie, je n’ai pas de programme, j’écoute et je m’adapte ! » s’exclame André qui est aussi père de famille et grand-père, quand on lui demande comment se déroule sa mission. Ainsi, quand il est appelé pour un mariage, ce n’est pas toujours possible de répondre favorablement. Le mariage « coutumier » des voyageurs ne nécessite pas de passage à la mairie, et le sacrement à l’église n’est donc pas possible. Il est cependant indispensable que la demande faite à l’Église ait une réponse. Il doit adapter la cérémonie, proposer un temps de prières « qui s’inspire des fiançailles », pour confier ce couple au Seigneur, sans échanges de consentements, tout en les invitant à réfléchir au sacrement de mariage.
Les ’voyageurs’ demandent à l’Église des sacrements et des temps de prières. « On les accompagne pour faire un bout de chemin ensemble » poursuit André. Par exemple, quand il y a une demande de baptême, « c’est pour la protection de l’enfant, pour l’espérance en la vie éternelle. Au cœur de nos rencontres, c’est Jésus qui nous parle. On ouvre la Bible, on découvre la Parole de Dieu, et dans le cadre donné par les rituels, on bâtit ensemble une célébration qui leur ressemble » détaille-t-il. Cela demande de prendre le temps de se connaître, de s’apprivoiser, souvent dans un délai court qui demande disponibilité et adaptabilité : « est -ce que tu peux baptiser notre enfant, les parrain et marraine passent dans quinze jours ? ». « Ces moments-là sont exceptionnels. » confiait André dans l’émission « Je pense donc j’agis » du 19 septembre 2022 sur RCF Anjou.
Animés d’une foi « simple » et ancrée dans la tradition des gens du voyage transmise par la famille, les ‘voyageurs’ revendiquent leur appartenance à l’Église catholique. « Le cadre donné par notre Église leur est parfois difficile à comprendre ! Devant une église ouverte, ils vont s’arrêter pour prier et allumer un cierge. Dans la caravane, dans la maison, le chapelet posé sur la Vierge, redit l’attachement à ces pèlerinages auxquels ils participent. Il n’est pas rare que sur quelques jours, lors d’une maladie ou d’une séparation, ils prennent la route vers Lourdes, Nevers ou Pontmain pour aller prier et confier leur demande au Seigneur. Ma mission d’évangélisation est de donner du sens à ce que vivent les ‘voyageurs’, de relire et éclairer ces gestes et attitudes. » relit André.
Les rencontres de préparation mais aussi les temps conviviaux auxquels il est souvent invité après les célébrations, sont aussi des lieux informels où jaillissent les questions : « mais Jésus, il n’était pas chrétien ? » « Le diable, c’est qui ? », « Tu es diacre, c’est quoi ? T’es marié ? », « Tu es au service du curé ? », « Le Pape, il est élu comment ? »