Un carillon qui rassemble


16 avril 2023

| Actualités du diocèse |

En 2011, une association a réhabilité le carillon de l’église du Sacré-Cœur, dynamisant la fréquentation du lieu. Pour le bonheur des amoureux du patrimoine et du curé de la paroisse.

12h30, vendredi 31 mars. Entre deux rafales de vent, filtre la douce mélodie du carillon du Sacré-Cœur, comme chaque jour à la même heure. Un tintement peu ordinaire dans la région : hormis Cholet et Châtellerault (86), point de carillon dans le grand-ouest. On en trouve davantage dans le nord de la France. En tous cas, les riverains apprécient, comme la pharmacienne du quartier qui « trouve ça plutôt agréable ». Même son de cloche du côté des lycéens qui piquent-niquent sous les arcades de l’église à l’abri du vent, et du buraliste quelques mètres plus loin : « c’est une chance d’entendre le carillon chez nous ! » affirme-t-il. Car l’instrument resta silencieux pendant plusieurs décennies.

Perché sur une plateforme en béton sous la coupole de l’imposant Sacré-Cœur, le carillon de 49 cloches est construit en 1937 en même temps que l’édifice par l’architecte Laurentin, qui entend le faire sonner résolument vers l’extérieur. Après avoir servi pendant dix ans, il est abandonné aux pigeons. Avant d’être réhabilité en 2011 grâce à l’Association des amis du carillon de Cholet (Adacc). Professeur d’orgue au conservatoire de Cholet et membre de l’association, Sébastien Rabiller accepte de redonner vie au carillon et ouvre une école. Formé par un maître carillonneur de Dunkerque (59), ce musicien passionné transmet aujourd’hui l’art campanaire à huit élèves âgés de 10 à 85 ans.

Une école de carillon

D’ailleurs, il est 14h. Comme un vendredi sur deux, il s’apprête à enchaîner les cours particuliers tout l’après-midi. Pas besoin de gravir les 132 marches qui mènent au carillon : les leçons se prennent sur un carillon d’études installé près de la sacristie. Le premier élève, Axel, 19 ans, s’en accommode, même s’il « préfèrerait jouer là-haut pour mieux ressentir les vibrations » des notes. Car sur un « vrai » carillon, chaque touche de bois des deux claviers, activés respectivement par les poings et les pieds, est raccordée par un câble à une cloche. En ce moment, les élèves préparent l’examen annuel de la Guilde des carillonneurs, la fédération française de référence, qui aura lieu le 24 juin précisément à Cholet. Un beau défi pour Axel, qui est membre de l’Adacc. Pour lui, l’instrument résonne au-delà du patrimoine. « Je me suis toujours interrogé sur la foi. Aujourd’hui je prépare ma confirmation et projette d’accompagner la messe à l’harmonium. C’est surement lié car on est dans une église. Il faut préserver la beauté du lieu ! »

La beauté du lieu : à 72 ans, Maryse qui vient d’arriver pour le cours suivant, y est aussi attachée. Consciente de « sa chance d’apprendre à jouer sur un instrument rare », cette ancienne enseignante se dit « reconnaissante envers l’ingéniosité de ses prédécesseurs ». Le carillon a été conçu pour être entendu, et « la musique, ça se partage ! »

Une gratitude partagée par toutes les bonnes volontés qui ont œuvré pour la restauration du carillon : comme cette première association, crée en 1992 pour collecter des fonds. Puis les nombreux mécènes et la fondation de France qui ont permis sa réhabilitation et son inauguration en 2011 sous l’impulsion de l’Adacc.

« Celui qui cherche la beauté, cherche Dieu »

Aujourd’hui, les visiteurs viennent de toute la France découvrir le carillon à l’occasion des Journées nationales du carillon en octobre, ou en passant au cours de l’été *. Pour la plus grande joie du curé, le père Antoine Meunier : « entrer dans une église pour visiter un carillon, ça la rend sympathique et chaleureuse » s’enthousiasme le prêtre, membre de l’Adacc et lui-même élève carillonneur. Pour lui, « celui qui s’intéresse à l’art, qui cherche la beauté, c’est quelqu’un qui cherche Dieu ».
Pour éviter les embouteillages dans l’étroit escalier de pierre qui mène à l’instrument, l’association a fait l’acquisition il y a deux ans d’un carillon transportable de 16 cloches et d’un carillon numérique. « Lors des dernières journées nationales, on les installait devant les églises puis à différents endroits de Cholet. Le but était d’inciter les gens à monter voir le vrai carillon du Sacré-Cœur » se souvient Sébastien Rabiller. Objectif atteint !