18 septembre 2024
Saint Joseph de Cupertino
Le père Marcel reconnaît l’œuvre du Saint-Esprit dans sa vie à travers deux éléments enracinés dans son enfance. Le premier, c’est le souhait, tout petit, de devenir « Monsieur le curé ». Au-delà des moments d’appréhension, Marcel n’a jamais eu de doute sur sa vocation. Le deuxième élément se trouve dans l’atelier de menuiserie où travaillait son frère. À l’âge de 9 ans, il y rencontre un jour la fille du patron, âgée de 20 ans. Elle l’appelle par son prénom. « C’est la première fois en dehors de l’école et de ma famille qu’on m’appelait Marcel. J’en étais bouleversé, sans comprendre pourquoi. ». Aujourd’hui, avec beaucoup de recul, le père Marcel Poupard estime que : « en m’appelant Marcel, elle m’avait fait exister. Elle me reconnaissant comme quelqu’un, comme une personne.
« Enfin, « être prêtre » signifie être au service de l’homme et de tout l’homme, de la personne humaine dans sa dimension matérielle et spirituelle. Voilà pourquoi, comme prêtre et instituteur, le père Marcel Poupard, qui fut ordonné en 1946 dans l’Institut séculier des prêtres du cœur de Jésus, a toujours mis l’homme au centre de son ministère. « La personne humaine, je la retrouvais à l’école, où les élèves étaient d’abord des personnes avec une dignité d’enfant de Dieu. C’est pourquoi avant de les enseigner, je cherchais à connaître leurs intérêts, leurs besoins, leurs situations familiales. Et surtout à leur faire confiance ! » se souvient le prêtre qui a appliqué cette attention à chacun aussi en paroisse, lors l’accompagnement des prisonniers et dans le milieu de la prostitution. « J’ai retrouvé les personnes aussi en convalescence dans les alpes. Je suis tombé dans une maison où il n’y avait que des prêtres dépressifs. Et là j’ai appris à écouter, à être auprès d’eux. »
« J’ai passé 6 ans au bon Pasteur qui accueillait, en ce temps-là, des jeunes filles passées par la justice. Et là j’ai côtoyé des jeunes filles-mères. La plus jeune avait douze ans, et chacune son histoire. Certaines étaient battues, violées par leurs parents. Et il fallait leur parler de Jésus… » se souvient l’homme qui reste marqué par la paroisse de Doué où il est arrivé comme curé en 1968.
« Quand je suis arrivé, j’avais deux vicaires et quatre clochers. Quatre ans plus tard, dix-sept clochers églises et une équipe de prêtres fragiles qui se posaient des questions sur le sacerdoce… En treize ans, j’ai vu partir quatre de mes vicaires » se souvient-il. Aujourd’hui, les abus multiformes dans l’Église le rendent « triste » car elle « ternissent l’image du corps du Christ ». Il souffre aussi de voir le « cléricalisme continuer parmi les jeunes prêtres ».
Mais il reconnaît l’œuvre de l’Esprit saint à travers l’œcuménisme. Il estime également que le décret Gaudium et Spes n’a pas été suffisamment lu et travaillé. Saint Jean Paul II disait que « la route de l’Église, c’est l’homme ». Contre le cléricalisme, l’antidote serait pour le centenaire la personne humaine. Plus on sera attentif à la personne humaine même dans les petites choses, plus l’Église reflètera le visage du Christ. « La seule réponse c’est Jésus, convertissez-vous ! » C’est pour cela qu’il insiste : « Soyez toujours attentifs à la personne humaine, non pour accomplir quelque chose ; nous n’avons rien d’autre à réussir que de témoigner, d’aimer. Et aimer, ça concerne les personnes humaines ».