L’au-revoir aux frères de Bellefontaine


14 novembre 2025

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Ce jeudi 13 novembre, en la fête de la Toussaint monastique, l’abbaye de Bellefontaine a fermé temporairement ses portes. La communauté avait invité les fidèles qui le souhaitaient à une rencontre à 15h30, autour d’un goûter suivi des vêpres. 

Près d’un millier de personnes sont venues à l’abbaye de Bellefontaine ce jeudi 13 novembre, répondant avec ferveur à l’invitation des moines. Souvenirs, joie des retrouvailles mêlée à la tristesse des au-revoir, derniers mots échangés, sourires et profonde gratitude pour ce qui a été donné et reçu en ce lieu, pour tous les frères qui ont vécu ici. Tout cela a pu se lire dans les regards, sur les visages, et se partager au cours de cette rencontre où se sont retrouvés des fidèles de tout le diocèse et sans doute au-delà, qu’ils soient religieux ou religieuses, laïcs, prêtres ou diacres. Ils ont pu prier avec les moines l’office des vêpres, dernière célébration publique de la communauté. L’office s’est conclu par la lecture d’un message écrit adressé par Dom Bernardus Peeters, abbé général des trappistes, puis par la bénédiction donnée par Monseigneur Emmanuel Delmas, évêque du diocèse d’Angers.

C’est une page importante qui se tourne à l’abbaye où la vie monastique a commencé au début du deuxième millénaire, après qu’un ermite se soit installé dans le vallon vers 1010, donnant assez rapidement naissance à un prieuré bénédictin qui devint abbaye au XII ème siècle. Puis, en 1642, leur succédèrent des moines Feuillants, et ce, jusqu’à la Révolution. Il faudra alors attendre Dom Urbain Guillet, moine cistercien de la Grande Trappe, pour que Bellefontaine renaisse de ses cendres à partir de 1816 et connaisse un grand renouveau, puisque la communauté comptera jusqu’à 120 moines, cinquante ans plus tard.

« Un moment spécial et difficile »

« Le Chapitre général de septembre 2025 a pris la décision de fermer la communauté. Cette décision n’a pas été prise à la légère » a rappelé Dom Bernardus dans son message. « L’attachement à l’abbaye est profond, mais les temps changent et le manque de vocation a eu raison de la pérennité de la communauté ».

Depuis plusieurs années, la communauté cistercienne de Bellefontaine s’est interrogée sur son avenir. Dans une première étape, elle a cherché à adapter ses lieux communautaires à un plus petit nombre de frères, mais au fil du temps, elle a pris conscience que les frères ne pourraient pas continuer à vivre seuls sur cette propriété immobilière du XIX°°siècle de 120 hectares, devenue trop grande, pour un petit groupe de moines dont la moyenne d’âge avait atteint 80 ans.  Alors, elle a cherché comment un partenariat serait possible avec des associations avec lesquelles elle aurait pu partager son lieu de vie. Divers obstacles se sont dressés sur sa route qui l’ont obligée à renoncer à ce projet. Ce fut une vive déception et aussi une grande épreuve pour les frères, et également pour les deux associations avec lesquelles la communauté avait tant travaillé.

Ainsi, à partir de ce 13 novembre, il n’y a plus d’offices ouverts au public, et les frères de la communauté cistercienne vont se disperser. Sept vont rejoindre la maison de retraite des sœurs de la Congrégation Sainte Marie de Torfou. Parmi les moins âgés, trois ont déjà choisi une autre communauté pour y poursuivre leur vie monastique, et trois autres, vont vivre une expérience transitoire avant de faire un choix définitif. Deux frères continuent à vivre sur place ; avec l’aide des employés présents sur le site, ils maintiennent les activités économiques, en particulier la production de pommes et de kiwis. Ils assurent aussi le bon fonctionnement du magasin, en attendant la venue d’un nouvel essaim monastique à la fin du printemps.

« Allez avec Dieu »

La mission de la communauté a été accomplie par la vie de prière, de travail et d’hospitalité des moines, à la satisfaction de beaucoup comme en a témoigné l’assemblée nombreuse du 13 novembre. « La fermeture n’est pas la fin de la vocation d’un monastère, même lorsque les lieux se taisent » a partagé l’abbé général dans son message ; « ce qui a grandi ici continuera de vivre en chacun de nous et de ceux que vous avez touchés » a-t’il souligné à l’adresse de ses frères. L’abbaye va continuer à vivre ! D’autres, les frères bénédictins du Barroux, vont prendre le relais dans le courant de l’année 2026 « pour continuer à marcher selon la règle de Saint Benoît, sur le chemin qui mène à Dieu. »