25 décembre 2025
Nativité du Christ
À Noël, on s’offre des cadeaux. Un, deux, quatre, six… Parfois beaucoup, parfois trop. Et si, cette année, nous faisions le choix d’alléger le nombre de cadeaux pour leur redonner vraiment du sens ?
Jeanine et son mari, retraités, ont la joie de recevoir leurs quatre enfants et sept petits-enfants à chaque Noël pour le réveillon. Ils accordent un grand soin à la préparation du menu, choisissant des produits de qualité. Ils portent également attention à la décoration de la maison. Tout doit concourir à une ambiance chaleureuse et accueillante ; tout est prévu et millimétré. Seule reste en suspens la question des cadeaux. Et là, Jeanine avoue que le choix est un vrai casse-tête !
Pour quoi l’abondance ?
Elle observe qu’à Noël, chaque petit-enfant reçoit jusqu’à sept ou neuf cadeaux. Une abondance qui génère chez elle un malaise grandissant, à une époque où l’on prône la déconsommation et la frugalité. Que signifie cette abondance ? Ne signerait-elle pas notre difficulté à choisir ? Car choisir, c’est renoncer.
Dans son livre Au secours ! Je manque de manque, la psychologue et psychanalyste Diane Drory affirme que le manque et la frustration sont vivifiants : « Les mères et les pères d’aujourd’hui pensent être de
mauvais parents si leur enfant n’a pas tout. Ils estiment qu’un enfant ne doit manquer de rien. Bien sûr qu’il ne doit manquer de rien d’essentiel. Mais s’il n’a rien fichu à l’école, qu’il a été infernal à la maison, peut-être devrait-il comprendre qu’il n’ira pas jouer chez son ami mais restera étudier à la maison. C’est cela, le manque. Un enfant qui n’a pas de manque n’a plus de désir. […] Sans l’apprentissage du manque, l’enfant ne se définit plus en fonction de ce qu’il est, mais de ce qu’il a. Ainsi, on n’a pas tout, on ne peut pas tout avoir. C’est impossible. Afin de grandir, de s’humaniser, tout enfant a besoin de ʻperdreʼ… pour gagner. L’acte de ʻchoisirʼ, c’est aussi rentrer dans la réalité et cheminer vers plus de maturité. » (« Le Grand Entretien », Franc-Tireur n° 196, p. 5).
Et si le choix éclairé d’un cadeau pour un proche dont on connaît les goûts, dont on sait qu’il lui fera vraiment plaisir, manifestait justement l’expression de notre profonde générosité et notre élan d’empathie ?
Comment toucher l’autre ?
Un acte altruiste qui solliciterait toute notre attention : se préoccuper de ses goûts, de ses préférences (la couleur du cadeau, sa forme), de son besoin ; rechercher ce qui sera précieux pour elle, pour lui, comme
un trésor. Un objet qui touchera l’autre dans son affectif et sera bien ajusté. Cette inclination à trouver ce qui sera précieux à son cœur, donc rare et unique, s’inscrit pleinement dans la parcimonie et la modération de l’achat du cadeau. Notons que la rareté a pour synonyme inestimable, ce qui a de la valeur. Or que nous révèle la valeur du cadeau ?
Elle nous indique le prix, qui constitue sa valeur marchande et signifiante. Son niveau – bas ou élevé – représente une échelle financière, économique. Il a bien souvent un lien avec l’affection portée au destinataire. On voit bien comment le fiancé met toutes ses économies pour offrir la plus jolie bague à sa promise, ou comment les grands-parents ne lésinent pas sur le « budget cadeaux » des enfants et petits-enfants. La valeur du cadeau, tant économique que psychologique (dans le sens affectif), définit notre affection, notre attachement, notre amour filial, conjugal ou amical. Offrir un cadeau de Noël, c’est prendre soin de l’autre.
Alors, Jeanine, à quelques semaines de Noël, se demande comment être plus cohérente en termes
de frugalité pour l’achat de ses cadeaux et donc comment revoir ses choix pour ses enfants et petits-enfants. Bonne nouvelle : des solutions existent ! Par exemple, le tirage au sort pour un cadeau par personne. Ce principe permet d’offrir un cadeau à quelqu’un que l’on vous désigne. Il a l’avantage d’être une véritable économie en nombre de cadeaux et nécessite donc moins d’emballages… Il résout également la question du choix. Autre astuce : si l’on prévoit d’acheter plusieurs cadeaux, on peut fixer un petit budget par objet, par exemple 10 à 20 €. Une autre solution consiste à confectionner des cadeaux soi-même. Cette méthode très économique fait appel à la créativité de chacun. Le cadeau est ainsi personnalisé, unique et plus original. Tous les membres de la famille peuvent s’exercer : les enfants
dessinent, collent, fabriquent des figurines, les adultes bricolent, plantent… On y met tout son cœur et on y dévoile davantage sa personnalité. Parfois des talents insoupçonnables sont mis à l’honneur ! Pour emballer son présent, on peut aussi préférer du tissu à réutiliser, plutôt que du papier.
Après réflexion, Jeanine et son mari ont choisi la modération : cette année pour Noël, ils ne prévoient qu’un seul cadeau par personne. Ils favoriseront aussi l’expression des talents familiaux avec des cadeaux faits maison. Ainsi se creuse déjà le désir de se retrouver autour de la crèche. La veillée de Noël s’annonce joyeuse, et pleine de surprises !