John Toullier : « mon handicap est une force »


3 janvier 2023

| Actualités du diocèse |

Handicapé moteur à la suite d’une erreur médicale, orphelin de mère… les épreuves traversées par John Toullier l’ont conduit à trouver sa vocation dans l’accompagnement des personnes malades ou en fin de vie.

John Toullier aurait mille raisons d’en vouloir au Bon Dieu. Pourtant, point de colère chez ce jeune homme de 25 ans originaire d’Angers, qui dégage un calme apaisant. « Je me dis que si mon parcours est comme ça, c’est qu’il devait en être ainsi » résume le jeune homme au doux regard bleu. Un parcours douloureux, dès le sein maternel. « À 7 mois et demi de grossesse, ma mère avait des contractions toutes les deux secondes ». Une amniocentèse est pratiquée à l’aveugle, sans échographie. La partie motrice est touchée, les quatre membres. « Les médecins l’ont vu tout de suite. Il n’y a pas eu de procès » poursuit John, qui, à l’âge d’un an, perd sa jeune maman dans un accident de voiture.

Sa grand-mère le prend chez lui. « Sans elle je n’en serais pas là aujourd’hui » confie John, malgré des relations pas toujours simples avec son grand-père. « Une autre partie sombre de ma vie. » Mais John a la rage de vivre.

John (crédit photo JT)

John (crédit photo JT)

Vivre malgré tout

« Tout ça a fait la personne que je suis devenue aujourd’hui. Elle m’en fait un moyen d’aider les autres, il faut avancer ! » affirme cet autodidacte curieux de tout, qui décroche en 2021 une mission en service civique de six mois au service santé-solidarité du diocèse d’Angers. Le début d’une nouvelle aventure pour John, qui se dit « non-pratiquant », mais trouve « intéressant » de faire un chemin pour lui-même et « d’approfondir ce que c’est l’Église catholique ».

Sa mission : en dehors de la responsabilité du service des personnes handicapées, référencer le nombre de soignants dans le diocèse, les écouter et comprendre la place de la foi dans leur travail.
D’entretiens en entretiens, John qui fait preuve d’un grand charisme d’écoute, se rend compte que « beaucoup se trouvent en détresse psychologique ».

Écouter et accompagner

À l’issue du service civique fin 2021, John a trouvé sa vocation : écouter, accompagner les personnes en souffrance. Une conviction confirmée par les échos d’un soignant quelques semaines plus tard : « on a eu de bons retours de ce que tu as fait, on aimerait te proposer de nous aider à mieux comprendre la souffrance » lui dit-il.
Cette « révélation » représente aussi pour John « une revanche par rapport à une erreur médicale : j’ai bouclé la boucle, j’aurais pu rejeter, au contraire ça m’a donné envie de travailler dans le soin. Je n’en veux pas au médecin qui a provoqué mon handicap. Sans lui trouver d’excuse, il ne devait pas se trouver bien dans sa peau » analyse le jeune homme qui quelques mois plus tard, arrive dans une structure hospitalière de Nantes pour un stage de trois mois.

« Quand tu arrives en fauteuil dans une chambre, au moins tu ne te prends pas pour un héros »

Sa mission : accompagner les malades en fin de vie. « On m’appelait dans une chambre pour accompagner la famille, le patient. J’ai appris à faire corps avec la famille tout en étant discret. Je sens tout cela : être un peu plus présent parfois, ou au contraire s’effacer. » John découvre aussi sa capacité à faire appel quand « émotionnellement c’est trop dur », sa capacité à « voir ses limites, avoir cette lucidité là pour que la personne soit le mieux accompagnée possible, car c’est la personne avant tout. ».
La mort n’impressionne pas John. « Si demain je meurs, eh bien c’est ainsi. Ce sera le prolongement de ma vie, je retrouverai ma maman. Elle veille sur moi c’est sûr, car avec tout ce qui m’est arrivé, j’aurais pu mourir plusieurs fois ! ».

Être en fauteuil ? « Au moins, tu ne te prends pas pour un héros ! » lance-t-il en riant. Parfois, les rencontres sont de vrais cadeaux. Comme la confidence de cette dame : « vous avez accompagné mon mari. Vous avez été en empathie avec lui tout en respectant sa dignité » se souvient John qui suit aujourd’hui une formation dans le cadre de l’Association régionale pour l’institut de formation en travail social (ARIFTS) pour obtenir un diplôme d’accompagnant.