Le mouvement Amitié-Espérance au chevet de la souffrance psychique


À l’occasion de son AG qui s’est déroulée en Anjou début mai, focus sur le mouvement national Amitié-Espérance, qui offre une présence fraternelle aux personnes atteintes par la souffrance psychique.
« Amitié-Espérance, c’est d’abord un compagnonnage fraternel » souligne Gilles, qui accompagne des personnes en souffrance psychique sur la paroisse Saint-Jean-Saint-Pierre la Croix blanche d’Angers. Ce retraité de 69 ans sait de quoi il parle : il a rejoint ce mouvement d’Église en 2001, alors qu’il était lui-même en souffrance (dépression, TOC). Un jour, alors qu’il venait de se rapprocher de l’Église « grâce à Sainte Thérèse », ce maître-nageur de profession entre dans une église et tombe sur un dépliant du mouvement Amitié-Espérance qui existe sous le patronage justement de Sainte Thérèse et Sainte Bernadette. Un signe, qui le conduit à intégrer un groupe d’Angers. Là, il retrouve des personnes dans la même situation que lui.
Un baume bienfaisant, car les situations de souffrance psychique sont taboues : « les gens ont l’impression d’être seuls, rejetés. Le mouvement est une main tendue pour écouter la personne et lui redonner une dignité. Le fait d’être dans un groupe lui redonne une motivation » explique Elisabeth Thierry, accompagnatrice d’Amitié-Espérance pour la région Pays-de-Loire et secrétaire pour le diocèse d’Angers.

Rencontre de l'association lors de l'Assemblée générale du 8 mai 2023
Rencontre de l’association lors de l’Assemblée générale du 8 mai 2023

Déposer son fardeau

Et pour retrouver la confiance en soi, le mouvement permet de trouver une oreille attentive et pouvoir partager avec d’autres en toute confidentialité.
Une fois par mois, les participants se retrouvent pour une rencontre fraternelle où ils peuvent déposer leur fardeau et se sentir accueillis.
Ces rencontres comprennent aussi des discussions autour d’un thème et un temps spirituel. Mais cette programmation est très souple et dépend du profil des personnes, du groupe… Tout est très libre. De la même manière, « on peut venir une fois pour voir, puis repartir. Je me souviens d’une personne qui est venue régulièrement mais les premières années, elle ne parlait pas du tout », se souvient Geneviève, accompagnatrice du mouvement depuis plus de vingt ans. « Ils viennent parce qu’ils sont très mal et qu’ils en ont marre des psys, ou parce qu’ils se sentent isolés ; et aussi par le bouche-à-oreille » complète Geneviève qui au début « n’y connaissait rien à la souffrance psychique ». D’année en année, aidée comme les autres accompagnant par des formations régulières, elle est un précieux pilier aujourd’hui auprès des personnes qu’elle connaît bien, majoritairement des femmes.
Il existe deux groupes à Angers et un à Cholet. En plus des rencontres mensuelles, le mouvement propose des rencontres avec le Carmel d’Angers avec lequel il est « très en lien », un rendez-vous chaque hiver autour de la galette, et une sortie culturelle ou touristique d’une journée, l’été.

Image réalisée par une personne d'Amitié-Espérance pour l'AG du 8 mai à Noyant-la-Gravoyère
Image réalisée par une personne d’Amitié-Espérance pour l’AG du 8 mai à Noyant-la-Gravoyère

Un mouvement d’Église

Le mouvement Amitié-Espérance est né d’une prise de conscience, à Lourdes en 1978. « Lors d’un congrès de l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam), un prêtre capucin a entendu le cri des familles, auquel il manquait la dimension spirituelle » explique Elisabeth. Le mouvement se créé dans la foulée mais reste un peu dans l’ombre, avant de se constituer en association en 1993 puis d’être reconnu par l’Église et de devenir association de fidèles.
Aujourd’hui, le mouvement est présent partout en France. Chaque année, l’association tient son assemblée générale dans un diocèse. Cette année, c’est dans notre région qu’a eu lieu l’AG lundi 8 mai, au relais de Misengrain à Noyant-la-Gravoyère : l’occasion de fêter les 45 ans du mouvement et les 30 ans comme association. « Nous avons relu notre place dans la société mais aussi notre place dans l’Église » confie Elisabeth, avant de résumer la vocation profonde d’Amitié-Espérance, qui est de « faire advenir un monde où toute personne en souffrance psychique puisse goûter à la Vie et “qu’elle l’ait en abondance”, et que chacun puisse trouver sa place dans le monde et l’Eglise d’aujourd’hui ».