Les pauvres de plus en plus pauvres : Rapport pauvreté du Secours Catholique


17 novembre 2022

| Actualités du diocèse |

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La pauvreté en Maine-et-Loire n’a pas reculé et l’isolement des personnes fragiles s’est renforcé. Pire, les plus démunis le sont de plus en plus. Pourtant, nos bénévoles ont fait preuve d’imagination et de combativité dans leurs actions pour dépasser cette crise. Jardin partagé, boutique solidaire, équipe vidéo, jeunes d’ici et d’ailleurs : ces initiatives et d’autres ont fait la richesse de notre réseau, contre la pauvreté. Avec pour gouvernail, la fraternité

Confinement, masque, désinfection et gestes barrière ont fait encore partie de notre quotidien en 2021. Plus de sourire ni de rencontre, la fraternité en a pris un coup. « On a eu parfois l’impression de ne pas vraiment pouvoir aider ceux qui étaient seuls ou en galère », déplorent nombre de bénévoles. Chaque année, les équipes du Secours Catholique rencontrent des personnes qui connaissent la précarité, soit de manière ponctuelle, et qui viennent demander une aide, un coup de pouce, tantôt des personnes qui vivent un cumul de précarités : isolement, fragilités familiales, absence ou insuffisance de ressources pour vivre. Fidèle à ses valeurs, notre délégation s’est attachée à la qualité des rencontres, aux liens maintenus vaille que vaille en apportant une aide fraternelle. Avec ceux qui ont pu continuer à lutter contre la pauvreté, l’activité n’en a été que plus intense et a pris de nouvelles formes.

Des demandes primaires en hausse

Manger, se loger, se chauffer, survivre : plus que leur nombre, c’est la détresse croissante des personnes accueillies en 2021 qui nous alarme. La très grande pauvreté a augmenté. Les familles ont de plus en plus de mal à se nourrir : les
demandes alimentaires ont représenté 55 % des aides financières attribuées par notre association en 2021 dans le Maine-et-Loire. En milieu rural comme en urbain, les chèques-service ont dépanné les ménages qui s’adressent à nous, dans un budget très contraint une fois les charges payées. Les aides accordées par les bénévoles ont également porté sur le paiement des factures d’énergie et de loyer (12% des aides), de réparation de véhicules ou de timbres pour un premier titre de séjour.
Outre la faiblesse des ressources des personnes rencontrées par notre association (niveau de vie médian de 548 euros en 2021 alors que le seuil de pauvreté est de 1132 euros), le Secours catholique constate l’importance des dépenses pré-engagées (loyer, chauffage, téléphone) qui pèsent fortement sur les ménages rencontrés : elles représentent en effet 60% de leur budget contre 30% pour la population française.

Ces éléments permettent de mieux comprendre les privations quotidiennes et l’absence de marge de manœuvre pour ces personnes. Ces familles monoparentales (35% des personnes rencontrées en 2021 par la délégation du Maine-et-Loire), couples avec enfants (20%) mais aussi personnes isolées ont été fragilisés par la crise sanitaire : ces personnes n’ont pas de marge de manœuvre pour faire face à la nouvelle crise mondiale que nous traversons. En effet, avec l’inflation qui sévit depuis le début de l’année 2022, le Secours Catholique s’attend à de nouvelles sollicitations de la part de familles, face à des arbitrages budgétaires de plus en plus difficiles.

Les étrangers sans ressource, aucune

Angers, Cholet, Saumur : nous accueillons des personnes étrangères fragilisées par la crise, certaines sans aucunes ressources ni droit au travail et avec un accès à l’hébergement de plus en plus incertain. Comment vivre dans ces conditions ?
Face à la répétition des crises, et aujourd’hui celle de l’inflation qui frappe de manière beaucoup plus violente celles et ceux qui n’ont aucune marge budgétaire ou coussin d’investissement, le sort des plus pauvres doit servir de boussole à nos responsables politiques. Accès digne à l’alimentation, droit au logement, recours aux aides sociales, rénovation des bâtiments pour les personnes les plus modestes : sur tous ces sujets, il s’agit de mettre l’accent et les moyens nécessaires sur l’accompagnement des personnes en situation de pauvreté pour leur donner confiance en l’avenir et leur permettre de s’engager sur un chemin où elles auront les capacités de contribuer à la société.

Nos équipes en mouvement

De visio-conférence en activités de plein-air, nous avons surmonté les barrières imposées par la pandémie. Certains événements qui avaient été repoussés ont pu se tenir et les 1100 bénévoles engagés dans le département ont fait preuve d’inventivité pour faire vivre la solidarité et la fraternité sur les territoires lorsque les contraintes étaient encore fortes.

Fiers de nos projets pour lutter contre la pauvreté et l’isolement

Le lancement du projet « Chauff’Toit » permet de répondre aux enjeux de précarité dans le logement. Ce projet permet d’agir contre la précarité énergétique en permettant aux propriétaires très modestes de logements mal isolés de faire des travaux dans leur habitation, accompagnés par des bénévoles du Secours Catholique et en partenariat avec ECHOBAT et Alisé
Au tableau de nos grandes satisfactions, la mobilisation de jeunes qui ont créé deux nouvelles équipes cette année. D’abord avec un service vidéo qui s’est monté pour faire des films valorisant nos actions. Puis avec le groupe « Jeunes d’ici et d’ailleurs » qui a réuni le mercredi soir des étudiants et jeunes migrants d’Angers autour d’une pizza, de jeux et de musique.

Les liens se sont consolidés avec les associations, les paroisses et mouvements diocésains, les communes, acteurs sociaux, élus… La signature d’une convention avec Fondacio pour marquer notre partenariat dans les tournées de rue que nous faisons auprès des SDF depuis 15 ans sur Angers en est un bel exemple. Ces partenaires sont essentiels dans notre action de lutte contre la pauvreté. Ensemble, nous avons pu faire rayonner la fraternité et fait germer de nouvelles formes de solidarité.

Certes, notre délégation restera marquée par cette année Covid et ses contraintes. Mais au-delà de cette action hachée, c’est bien l’énergie déployée par tous les acteurs, le souci de vivre la fraternité et de lutter contre la pauvreté qui ont pris le dessus pour lutter contre la pauvreté et l’isolement. Pour continuer notre mission, il est crucial que notre réseau de bénévoles se renouvelle.

Armelle GUILLEMBET
Déléguée départementale
Secours Catholique Maine et Loire
Tél : 02 41 88 85 65 – 06 26 71 06 17

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