Les saints de l’Anjou


Janvier

15 janvier : Saint Maur, abbé

Saint Maur fut le premier abbé de Glanfeuil, sur les bords de la Loire. Au temps des invasions normandes (9ème siècle), on transporta son corps non loin de Paris, là où devait se développer la ville de Saint-Maur-des-Fossés. Dès lors, pour rendre son culte plus populaire, on n’hésita pas à l’identifier avec le disciple homonyme de saint Benoît, dont on fit l’introducteur de la Règle bénédictine en France.

Février

1er février : les bienheureux Martyrs d’Angers (mémoire)

En 1793-1794, la Terreur faisait rage dans toute la France, particulièrement virulente en nos régions de l’Ouest, où paysans et tisserands avaient pris les armes pour défendre leur foi. En Anjou, il y eut des milliers de victimes. L’histoire constate qu’un grand nombre d’entre elles furent exécutées en haine de la foi. Plus de 200 prêtres et religieux furent tués ou moururent en prison pour avoir refusé de prêter le serment à la Constitution Civile du Clergé qui séparait du Pape l’Église en France. De nombreux laïcs furent condamnés à mort parce qu’ils voulaient rester fidèles à Jésus-Christ dans l’Église.

99 de ces « martyrs » ont été proclamés bienheureux par le Pape saint Jean-Paul II le 19 février 1984. Parmi eux, quinze furent guillotinés à Angers : douze prêtres, une religieuse bénédictine du Calvaire, une dame noble, une femme de commerçant. Deux Filles de la Charité de l’Hôpital Saint-Jean à Angers, les Soeurs Marie-Anne et Odile, soixante dix-huit femmes et quatre hommes, de toutes conditions sociales, ont été fusillés au cours de neuf exécutions qui firent deux mille victimes, près d’Angers, en un champ qui fut appelé, très tôt, le « Champ des Martyrs ».

3 février : saint Théophane Vénard, prêtre, martyr

Jean-Théophane Vénard naquit à Saint-Loup-sur-Thouet, au diocèse de Poitiers le 21 novembre 1829. Il fil ses études classiques d’abord au Collège de Doué-la-Fontaine puis au Petit Séminaire de Montmorillon. Il passa ensuite trois ans au Grand Séminaire de Poitiers avant d’entrer au Séminaire des Missions Étrangères de Paris. II fut ordonné prêtre le 6 juin 1852.

Envoyé au Tonkin, actuellement Vietnam, il s’y comporta en missionnaire intrépide et donné jusqu’au bout de ses forces. Persécuté avec un grand nombre de ses frères chrétiens, il relevait les apostats et soutenait les incertains. Il fut emprisonné à Hanoï et même offert en spectacle dans une cage devant les portes du palais du préfet. Il n’en continuait pas moins à enseigner l’Évangile à ceux qui passaient. Il eut la tête tranchée le 2 février 1861.

13 février : saint Lézin, évêque

Licinius, ou Lézin, comte d’Anjou, élevé à la cour des Mérovingiens et devenu connétable, reçut la tonsure pour signifier son désir de servir Dieu seul. II devint évêque d’Angers en 592. Il se consacra tout entier à sa tâche de pasteur : prédication, visites pastorales, attention aux malades et aux plus démunis. Le Pape Grégoire le Grand lui avait écrit pour lui recommander le moine romain Augustin, futur archevêque de Cantorbéry, ainsi que ses compagnons, qui devaient passer par Angers pour se rendre en Angleterre. Lézin serait mort le 1er novembre 608. Les ardoisiers (perreyeurs) le choisirent comme patron.

21 février : bienheureux Noël Pinot, prêtre, martyr (mémoire)

Noël Pinot, né à Angers le 19 décembre 1747, d’une famille de seize enfants, dont le père était maître tisserand, fut ordonné prêtre le 22 décembre 1770. Il exerça la charge de vicaire d’abord dans les paroisses populaires de Rousse puis de Coutures et de Corzé. Il fut ensuite chapelain de l’hospice des Incurables à Angers. C’est de là qu’il fut appelé comme curé de la paroisse Saint-Aubin, au bourg du Louroux-Béconnais, en septembre 1788. Il y acquit la renommée d’un bon pasteur.

La Constitution Civile du Clergé, décrétée en 1790, devait être acceptée par serment. Noël Pinot, comme beaucoup d’autres en Anjou, s’y opposa fermement et refusa de prêter serment, considérant cette Constitution comme radicalement contraire à la foi.

Condamné à quitter sa paroisse, bientôt signalé comme « réfractaire », il se vêtit en paysan, pour veiller au salut de « ses gens ». Il vécut trois ans dans la clandestinité, parcourant maisons et villages, la nuit, pour enseigner, exhorter, célébrer la Messe et administrer les Sacrements.

Dénoncé par l’un de ses paroissiens, il est arrêté le 7 février 1794 et conduit à Angers. Il fut condamné à mort et exécuté à Angers, sur la place du Ralliement, le 21 février 1794. On le conduisit à la guillotine revêtu des ornements liturgiques. Il fut béatifié le 31 octobre 1926.

Mars

1er mars : saint Aubin, évêque

Albinus naquit vers 469, dans le diocèse de Vannes, d’une famille noble. Devenu moine à « Tincillac » (qui pourrait être Nantilly, près de Saumur), il dirigea le monastère pendant vingt-cinq ans, de 504 à 529. C’est à son corps défendant qu’il fût mis à la tête du diocèse d’Angers en 529, par acclamation du peuple. Dans le gouvernement de l’Église d’Angers, il allia jusqu’à sa mort la vigueur à la charité. Il participa au Concile d’Orléans de 541. Il mourut le 1er mars 550, à l’âge de quatre-vingts ans. Son corps fut enseveli dans l’église Saint-Pierre puis transféré ensuite dans la basilique Saint-Étienne qui prit le nom de Saint-Aubin.

Avril

24 avril : sainte Marie-Euphrasie Pelletier, religieuse (mémoire)

Rose-Virginie Pelletier, née le 31 juillet 1796, dans l’île de Noirmoutier, appartenait à une famille chrétienne de Vendée, de milieu libéral ; son père et son grand-père étaient chirurgiens. Elle entra le 20 octobre 1814 dans l’ordre de Notre-Dame de Charité à Tours et y prit le nom de Marie-Euphrasie. Témoignant de très réels dons d’éducatrice, en même temps que d’une vie sainte, elle fut élue à 29 ans supérieure du monastère.

Sur les instances du curé de Saint Maurice d’Angers, Monsieur Breton, elle vint à Angers le 19 mai 1829 pour y créer une nouvelle maison du Refuge. C’est de cette maison de la rue Tournemine, à laquelle se relièrent un certain nombre d’autres, qu’elle fonda le Généralat du Bon Pasteur en lui donnant les Constitutions de Saint Jean Eudes.

Marie-Euphrasie supporta pendant trente ans d’innombrables luttes, dans l’abandon total au Seigneur. Mais le nouvel Institut connut une telle croissance qu’il se répandit largement dans le monde entier. En Anjou, Soeur Marie-Euphrasie fonda une de ses premières maisons à Saint-Hilaire-Saint-Florent en 1835, et une autre plus tard, à Cholet, en 1859. Avec ses soeurs, elle chercha toujours à sauver les adolescentes et les jeunes filles en détresse. Elle constitua une Congrégation de femmes pénitentes, appelée Congrégation de sainte Marie-Madeleine. Atteinte d’une cruelle maladie, elle rejoignit le Seigneur le 24 avril 1868. Elle fut canonisée le 2 mai 1940.

28 avril : saint Louis-Marie Grignon de Monfort, prêtre

Louis-Marie Grignion, né dans la cité de Montfort au diocèse de Rennes, le 31 janvier 1673, se consacra, dès le début de son ministère presbytéral, à la prédication en diverses régions de l’Ouest de la France. Il y avait été invité par le Pape Clément XI qui lui conféra la qualité de « missionnaire apostolique », chargé en France de « travailler, dans la soumission aux évêques, à restaurer partout l’esprit du Christianisme, par le renouvellement des promesses du Baptême. »

Il vint ainsi à Landemont, Saint-Sauveur de Landemont, Roussay et La Séguinière, prêcher la Passion du Seigneur et inviter à honorer la Vierge, Mère de Dieu. Animé par un sens aigu de la mission, il fonda deux familles religieuses : les Missionnaires de la Société de Marie et les Filles de la Sagesse dont bénéficia le diocèse d’Angers. Brisé par les travaux apostoliques, il mourut à Saint-Laurent-sur-Sèvre dans sa quarante-quatrième année, le 28 avril 1716.

Mai

8 mai : bienheureux Jean Chevillard et ses compagnons, religieux, martyrs

Jean Chevillard, est né le 27 août 1925 à Angers, et fut baptisé à la cathédrale. Il entra chez les Pères Blancs. Ordonné prêtre à Carthage le 1er février 1950 il fut nommé en Algérie où il fut responsable de centres de formation, supérieur régional, économe régional. Il est assassiné le 27 décembre 1994 à Tizi-Ouzou.

Avec les dix-huit compagnons : trois autres Pères Blancs de Tizi-Ouzou, Pierre Claverie (évêque d’Oran), les sept moines trappistes du monastère de Tibhirine (dont trois vécurent un temps à l’abbaye Notre-Dame de Bellefontaine), un frère Mariste, une petite soeur de l’Assomption, deux soeurs Augustines Missionnaires, deux soeurs de Notre-Dame des Apôtres, une Petite Soeur du Sacré Coeur de Charles de Foucauld, ils vécurent en Algérie durant la seconde partie du XXe siècle. Serviteurs zélés et effacés de l’Église, humbles et doux apôtres de paix et de pardon pour tous, le Seigneur rayonnait dans leur coeur, dans leur vie, dans leur silence. Ils rendirent le témoignage suprême du martyre entre 1994 et 1996.

Juillet

8 juillet : saints ermites et évangélisateurs

La tradition a gardé les noms d’un certain nombre de moines ou ermites qui ont été, « dans leurs ermitages, leurs monastères ou sur les chemins, les évangélisateurs de notre région. Des dévotions populaires, des lieux, parfois des reliques, nous disent aujourd’hui encore, la foi des générations passées. C’est ainsi que l’on célèbre saint Doucelin à Allonnes ; saint Vétérin à Gennes ; saint Maxenceul à Cunault ; saint Macaire à Saint-Macaire-en-Mauges et à Roussay.

Nous joignons à ces noms la mémoire de beaucoup d’inconnus qui sont « nos pères dans la foi ».

Août

3 août : saint Pierre-Julien Eymard, prêtre

Pierre-Julien Eymard naquit en 1811, non loin de Grenoble. On l’appelle le « Saint de la Mure ». Il fonda à Paris en 1856 un Institut de prêtres voués au culte eucharistique, les « Prêtres du Saint-Sacrement ». La troisième maison de cet Institut fut établie à Angers en 1862. C’est à Angers également qu’il fonda, en 1864, la Congrégation des « Servantes du Très Saint-Sacrement ». II institua aussi diverses associations eucharistiques orientées vers l’adoration et l’amour de Jésus, proche des hommes. Il contribua ainsi à détrôner le Gallicanisme et le Jansénisme, en préparant le retour des fidèles à la communion fréquente.

17 août : sainte Jeanne Delanoue, religieuse (mémoire)

Jeanne Delanoue naquit à Saumur le 18 juin 1666, dernière d’une famille de douze enfants. Son père colportait la marchandise à travers la campagne, tandis que sa mère tenait boutique dans le faubourg de Fenet, non loin de Notre-Dame des Ardilliers.

A l’âge de vingt-six ans, héritière de la mercerie, elle devint une marchande avide et âpre au gain. C’est au cours de l’hiver rigoureux de 1693 qu’elle découvre la misère. Elle recueille les orphelins, au point que, dans Saumur, on la surnomme « la mère des pauvres ». En 1698, elle transforma sa propre maison en une sorte d’hospice qu’elle nomma « La Providence ». Elle ouvrit successivement plusieurs hospices d’abord sous le coteau, puis au logis de la Fontaine ; enfin, en 1716, celui qu’elle installa à la maison des Trois Anges et qu’elle appela « La Grande Providence ». Ainsi, en découvrant et en rappelant à l’Anjou les grandes misères de son époque, elle pénétra dans l’élan mystique du renouveau de l’Église en ce XVIIème siècle.

Confortée par les conseils de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, elle fonde la Congrégation de Sainte Anne de la Providence. Quotidiennement, elle participait à l’Eucharistie. Elle observait des jeûnes rudes, s’adonnait assidûment à la prière et à la contemplation des « choses de Dieu ».

Consacrant une grande partie de ses nuits aux malades, elle s’accordait très peu de sommeil. Elle mourut épuisée le 17 août 1736. Elle fut béatifiée par le Pape Pie XII le 9 novembre 1947 et canonisée par St Jean-Paul II le 31 octobre 1982.

Septembre

2 septembre : bienheureux Jean-Robert Queneau et ses compagnons, prêtres, martyrs

En 1792, la Commune de Paris décide de poursuivre les prêtres qui avaient refusé de prêter serment à la Constitution Civile du Clergé. Par fidélité à l’Église, beaucoup s’affermirent dans leur engagement et subirent la mort.

Parmi les victimes des massacres des 2 et 3 septembre, à Paris, cent quatre-vingt onze ont été béatifiés en 1926 par le Pape Pie XI. Au nombre de ces martyrs, on compte deux prêtres originaires d’Angers : Jean-Robert Queneau, curé d’Allonnes, né près de la Cathédrale en 1758 ; et Gabriel Gallais, prêtre de Saint Sulpice, né à Longué en 1754. On fait aussi mémoire de René Massey, moine de Saint-Benoît, prieur de l’abbaye de Saint-Florent près de Saumur, et de Henri Luzeau de la Mulonnière, prêtre de Saint-Sulpice, professeur au Grand Séminaire d’Angers.

13 septembre : saint Maurille, évêque – Patron secondaire du diocèse (mémoire)

Maurille, né à Milan dans la seconde moitié du IVème siècle, fut attiré en Gaule par la réputation de Martin, évêque de Tours. Il vint donc se placer sous son obédience. Ordonné prêtre, il s’établit près de Chalonnes-sur-Loire, sur les ruines d’un temple païen. Il menait une vie faite à la fois de contemplation solitaire et de prédication. On rapporte qu’il aurait donné son enseignement dans un lieu appelé encore aujourd’hui « Pierre Saint-Maurille », sur les bords du Layon. De nombreux miracles lui sont attribués.

En 423, on vint le chercher pour le faire évêque d’Angers. Il fut admis par tous. Son épiscopat dura trente ans. Il mourut à Angers le 13 septembre 453 et fut inhumé dans l’église Notre-Dame qui prit alors le nom de Saint Maurille. Aussitôt après sa mort, en effet, le peuple angevin le vénéra comme un saint. Patron d’Angers, de Chalonnes et des Ponts-de-Cé, il est invoqué par les pêcheurs et par les jardiniers. Il est Patron secondaire du diocèse.

La mémoire de saint Jean Chrysostome, évêque et docteur, est transférée du 13 septembre au 12 septembre.

22 septembre : saint Maurice et ses compagnons, martyrs – Patrons de la ville et du diocèse (solennité à Angers, fête dans le diocèse)

Sous l’empereur Dioclétien, des soldats chrétiens furent mis à mort pour leur foi, à Agaune, dans le Valais suisse. Un siècle et demi plus tard, l’évêque de Lyon, Eucher, rédigea le récit de leur martyre, d’après des traditions orales. C’est à lui que l’on doit de connaître les noms de Maurice et de ses compagnons. Leur culte devint vite populaire.

Dans la seconde moitié du IVème siècle, saint Martin en apporta des reliques à Angers. Saint Maurice et ses compagnons devinrent ainsi titulaires de la Cathédrale et Patrons du diocèse.

Saint Maurice et ses compagnons sur la façade de la cathédrale d’Angers

26 septembre : saint René Goupil, religieux, martyr (mémoire)

René Goupil est né à Angers le 15 mai 1608. Il fait partie des nombreux angevins qui s’embarquèrent pour la « Nouvelle France », poussés par le désir d’y porter l’Évangile. Il mit humblement au service des autres les dons qu’il avait reçus et fut qualifié de « chirurgien ».

Avec Isaac Jogues, il fut appelé à témoigner de la foi jusqu’au martyre : captif des Iroquois alors qu’il partait en mission chez les Hurons, il fut abattu à coups de hachette le 29 septembre 1642. Peu de temps auparavant, René Goupil avait fait ses voeux dans la Compagnie de Jésus entre les mains du père Isaac Jogues. Ce dernier lui survécut, écrivit le récit de son martyre et mourut à son tour pour la foi en Jésus Christ. Ainsi l’Église d’Angers est-elle étroitement unie par les liens du sang à l’Église du Québec et du Canada.

Novembre

12 novembre : les saints évêques d’Angers

Bien que les origines de l’Église d’Angers ne soient pas absolument claires, on sait que vers le milieu du IIIème siècle, les premiers missionnaires de la foi arrivèrent en Anjou. C’étaient probablement des marchands orientaux qui venaient de Tours, en suivant la vallée de la Loire. Cent ans plus tard environ, l’Église d’Angers est constituée avec un évêque nominé Defensor.

Outre Maurille, Aubin et Lézin, qui ont une fête particulière, plusieurs évêques d’Angers ont la réputation de sainteté. Parmi eux, Apothème, contemporain de saint Martin ; Mainboeuf, disciple de saint Lézin, dont il imita le zèle et la charité envers les pauvres ; et d’autres, comme saint Loup au VIIème siècle ou saint Benoît, au début du IXème siècle, dont l’histoire n’a conservé que les noms.

La mémoire de saint Josaphat, évêque et martyr, est transférée du 12 novembre au 13 novembre.