Piété populaire : les Saints en Anjou


L’Anjou est riche de Saints qui on marqué leur temps et dont la dévotion est vivace encore aujourd’hui ! Partons sur les pas de quelques-uns… Saint Maurille, Sainte Emérance, Sainte Jeanne Delanoue, Saint Charles de Foucauld, Sainte Marie Euphrasie Pelletier, Bx Noël Pinot, intercédez pour nous !

Saint Maurille et Notre-Dame Angevine

Maurille naquit en 363 dans le Milanais. A la mort de son père, Maurille, vers l’âge de 20 ans eut la force de caractère de tout abandonner et de quitter sa famille, ses richesses et son pays et rejoignit Saint Martin à Tours où celui-ci avait été nommé évêque. Martin l’ordonna prêtre et l’envoya annoncer l’Evangile à Chalonnes (sur-Loire) où la nouvelle religion chrétienne commençait tout juste de s’implanter. « Il fit tant de miracles pendant son séjour d’une vingtaine d’années à Chalonnes que l’on ne peut tous les rapporter » (St Mainboeuf).

En 423, il y a 1600 ans, comme l’évêque d’Angers venait de mourir, les angevins allèrent chercher Maurille. Il se rendit à la cathédrale. Quand il y entra, une colombe arriva et se posa sur sa tête. Alors, St Martin lui imposa les mains et c’est ainsi qu’il devint le quatrième évêque d’Angers. Il le sera pendant une trentaine d’année, il s’efforça notamment de faire reculer les superstitions des païens des campagnes.Retour ligne automatique
Maurille continua à faire des miracles : dont la résurrection un enfant qu’il appela René (Re-né du verbe naître).

An l’an 430, la Vierge Marie, tenant l’Enfant Jésus dans les bras, apparut à Saint Maurille, alors évêque d’Angers, lui demandant de faire célébrer sa Nativité le 8 septembre. De fait, la fête de la Nativité de Marie va prendre un essor dans la région sous l’appellation de Notre-Dame Angevine. 
Le bourg du Marillais va se développer autour d’un petit oratoire qui fut construit sur le lieu de l’apparition devenant un but de pèlerinage important qui nécessita bien plus tard, entre 1890 et 1913, la construction d’une basilique devenue elle-même le sanctuaire Notre-Dame du Marillais. 
Le Sanctuaire du Marillais

Au Marillais, peut-être le plus ancien sanctuaire marial en France, Marie continue de nous attirer à son Fils Jésus en nous disant comme à Cana : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le »
Saint Maurille est aussi à l’origine de la dévotion mariale de Notre-Dame de Béhuard sur la Loire avec de même le développement d’un pèlerinage que le roi Louis XI promut. 
Le Sanctuaire de Béhuard

Il est le saint patron des pêcheurs et des jardiniers. Dans l’iconographie catholique romane, il est représenté comme un évêque avec un poisson et tenant une clef ou une bêche.

L’église de Chalonnes-sur-Loire, honore son nom.

Sainte Emérentienne, invoquée pour la peur et les maux de ventre

Martyre (+ 304)

Selon la légende, Emérentienne ou Emérance serait la « sœur de lait » de Sainte Agnès. Catéchumène, elle est morte martyre, lapidée sur la tombe de sainte Agnès. Retour ligne automatique
Nous avons, en sainte Émérentienne, un exemple de baptême du sang. Elle n’était pas encore baptisée mais son cœur était déjà au Christ par la foi et par le désir. Son martyre lui tint lieu de baptême.Retour ligne automatique
La dévotion de Sainte Emérance en Anjou est liée au roi Louis XI, qui, pris de coliques, alors qu’il chassait en forêt de Longuenée invoqua sainte Émérance, réputée pour guérir les maux de ventre et qui avait un petit oratoire à La Pouëze non loin de la forêt. En remerciement de sa guérison, il fit construire vers 1472 la chapelle de La Pouëze et y fit parvenir des reliques de la sainte ainsi qu’une statue en argent doré. La statue de Sainte Emérance à La Pouëze la représente avec, dans son tablier, les pierres qu’elle a reçues dans le ventre.

En Maine-et-Loire encore, une chapelle lui est dédiée à Rochemenier, une église à Pellouailles-les-Vignes. Nous pouvons trouver une statuette au Longeron et une fresque peinte sur une colonne du transept de la prieurale Notre-Dame de Cunault. Dans la cour du Prieuré de Vendanger, au Guédeniau, la Fontaine Saint-Emérance est réputée au XIVe siècle pour guérir la peste.

La Pouëze

Rochemenier

Prieurale Notre-Dame de Cunault

Vendanger

Sainte Jeanne Delanoue, Fondatrice des Sœurs de Sainte-Anne de la Providence

(+ 1736)

« Les pauvres et le Seigneur, c’est tout un »


Ses parents tiennent un magasin de mercerie qu’elle va reprendre à sa charge à partir de 1692, date de la mort de sa mère. À ses débuts Jeanne était économe, avare et ne faisant jamais l’aumône. Retour ligne automatique
Cependant à la Pentecôte 1693, alors que Saumur connaît la disette et qu’un quart de la population de la ville est composée d’indigents, une certaine Françoise Souchet va faire basculer sa vie. Venue en pèlerinage à Notre-Dame-des-Ardilliers, elle va inviter Jeanne à vouer sa vie à se consacrer aux pauvres. Lors de la Fête-Dieu de la même année, Jeanne connaît trois jours d’extase. La Vierge Marie lui révèle ce que le Seigneur lui demande pour elle-même et pour les pauvres. 
Podcast RCF Sainte Jeanne Delanoue

Rapidement, elle est connue dans la ville et les indigents ne se contentent plus de l’attendre mais viennent directement dans la maison, baptisée La Providence où ils sont accueillis, nourris et logés. « Plus tard, elle ouvrira aussi sa porte à tous les réprouvés, les filles mères, les épouses adultères, les libertines. Elle dilapide son fonds de commerce, emprunte, demande l’aumône. Sa charité n’a plus de bornes ». 
Le 3 juillet 1703, sa maison est détruite lors de l’éboulement d’un coteau. 
La petite communauté déménage alors dans les grottes de tuffeau et prend, le 26 juillet 1704 le nom de « Sœurs de sainte Anne, servantes des pauvres de la maison de la Providence ». Les constitutions de la Congrégation sont approuvées par l’évêque d’Angers le 28 septembre 1709. 
En 1715, Jeanne fonde le premier hospice de la ville de Saumur. Elle décède le 17 août 1736. À cette date, elle aura fondé onze communautés dans les actuels diocèses d’Angers, de l’Indre, d’Indre-et-Loire, du Morbihan et de la Loire-Atlantique. Elle a été canonisée le 31 octobre 1982 par le pape Jean-Paul II.
Son corps repose à la Maison-Mère des sœurs Jeanne Delanoue à Saint-Hilaire-Saint-Florent (6 rue François Bedouet)

Maison mère des soeurs de Sainte Jeanne Delanoue

Développement de la CongrégationSaint Charles de Foucauld


Ermite, prêtre, missionnaire… (+ 1916) 
Né le 15 septembre 1858 à Strasbourg, au sein d’une famille de bon rang, Charles-Eugène de Foucauld est devenu rapidement orphelin, à l’âge de 6 ans. Il a ensuite été élevé par son grand-père maternel, colonel au sein de l’armée française. Il prolongea cette tradition militaire en devenant officier noceur, après des études à Saint-Cyr et un passage à l’école de cavalerie à Saumur en 1878 et 1879. Officier de cavalerie en 1882, il décida de quitter l’armée pour entreprendre un voyage de reconnaissance au Maroc. 
En 1886, alors âgé de 28 ans, il s’ouvrit à nouveau à la foi en rencontrant le curé de l’église Saint-Augustin à Paris. Son objectif de vie fut, dès lors, d’imiter la vie du Christ. Il mena une vie de moine pendant sept ans, entre la Trappe de Notre-Dame-des-Neiges (Ardèche), où il reçut le nom de Marie-Albéric, et Akbès (Syrie), avant de vivre en ermite à Nazareth et Jérusalem

À partir de 1904, il vécut sa vie de religieux chez les Touaregs du Sahara, dont il apprit la langue et pour qui il fut le « marabout ». Dès lors, Charles de Foucauld écrivit plusieurs ouvrages sur la communauté nomade, dont un « Dictionnaire touareg-français, dialecte de l’Ahaggar », servant toujours de référence. Il traduisit également plus de 6.000 vers de poésie touarègue.
La vie du « religieux-explorateur » se termina brutalement le 1er décembre 1916, à Tamanrasset, dans le fortin où il s’était réfugié. Il fut alors tué d’un coup de feu par des pillards dans des circonstances étranges. Sa dépouille repose désormais à El Menia, ville située au centre de l’Algérie, à près de 1.000 km au sud d’Alger.
100 ans plus tard, le 1er décembre 2016, un miracle se produisit à Saumur, à la chapelle de l’institution Saint-Louis, ouvrant la canonisation de Charles de Foucauld le 15 mai 2022 à Rome.
Voir le témoignage du miraculé de Saint Charles de Foucauld

Accueillir l’Évangile dans toute sa simplicité, évangéliser sans vouloir imposer, témoigner de Jésus dans le respect des autres expériences religieuses, réaffirmer le primat de la charité vécue dans la fraternité, voilà quelques-uns seulement des aspects les plus importants d’un précieux héritage qui nous incite à faire que notre vie consiste, comme celle de Saint Charles, à « crier l’Évangile sur les toits… [à] crier que nous sommes à Jésus. »

Prière de Charles de Foucauld

Mon Père, Je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira. Quoi que tu fasses de moi, je te remercie. Je suis prêt à tout, j’accepte tout. Pourvu que ta volonté se fasse en moi, en toutes tes créatures, je ne désire rien d’autre, mon Dieu. Je remets mon âme entre tes mains. Je te la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur, parce que je t’aime, et que ce m’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre entre tes mains sans mesure, avec une infinie confiance car tu es mon Père. Charles de Foucauld

Sainte Marie-Euphrasie Pelletier (1796-1868)

Fondatrice de l’Institut du Bon-Pasteur (+ 1868)

Rose-Virginie Pelletier naît en 1796 à Noirmoutier, dans une Vendée bouleversée par la Révolution. Auparavant, ses parents vivaient à Soullans, village vendéen avant d’être arrêtés en 1794 pour leurs opinions politiques. Emmenés en captivité au château de Noirmoutier, ils furent jugés et acquittés quelques mois plus tard mais assignés à résidence.
Elle quitte Noirmoutier à l’âge de 14 ans. Pensionnaire à Tours, loin de chez elle, elle fait l’expérience de la souffrance et de la solitude, de la mort de sa mère. Alors, elle se tourne vers Dieu. Dès lors, son choix est fait, à 18 ans, elle entre dans la communauté des Sœurs de Notre-Dame de Charité.
Les sœurs accueillent des jeunes que la vie avait blessées et que la société rejetait. Ce qui l’attirait : aider des adolescentes désemparées. Elle se plonge dans la bible, les écrits de Jean Eudes fondateur de son Ordre. Elle est émerveillée :  » Dieu t’aime du même amour et du même cœur qu’il aime son Fils ! » Ce message va la combler, envahir toute sa vie. 
Marie-Euphrasie a une vision très positive de la personne humaine. Elle croit non seulement dans la dignité absolue de toute personne mais encore dans ses potentialités, sa capacité d’évolution. Cette vision humaniste rejoint sa foi : Le pardon de Dieu est sans restriction, nul n’est jamais trop loin pour Dieu.

Les consignes pédagogiques données aux jeunes sœurs éducatrices reflètent le même esprit :
Une tasse de lait chaud donnée à propos fait plus que de longs discours.
Evitez de sermonner beaucoup et surtout ne les humiliez jamais, jamais.
Relevez-les toujours à leurs propres yeux.
Tablez plus sur les encouragements, les récompenses que sur les punitions.
Rendez-les heureuses. Evitez qu’elles ne s’ennuient.

Pour mieux répondre aux besoins de cette société du 19ème siècle en pleine évolution, elle ira jusqu’à demander une réforme du gouvernement de sa congrégation et deviendra ainsi, sans l’avoir demandé, la fondatrice de la congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur. À côté des sœurs de vie active, elle fondera des communautés de vie contemplative, enracinées dans la prière.
Consulter le site de la communauté du Bon Pasteur

Attentive aux évènements, aux informations reçues, elle enverra des sœurs sur les routes de l’émigration, près des marchés d’esclaves, à l’aide des jeunes détenues… là où la situation des femmes est la plus fragilisée. Elle ne recule jamais devant les obstacles, elle dut combattre les résistances de l’église, les préjugés sociaux de son époque, les incompréhensions, les problèmes, les contradictions.
Marie-Euphrasie Pelletier fut sans aucun doute une grande fondatrice mais aussi une femme chaleureuse, active, sensible à toute détresse et aux besoins de son époque, passionnée de la Gloire de Dieu, et aimant profondément l’Église. Audacieuse, créative, pleine d’Espérance, à sa mort en 1868 elle avait fondé 110 maisons sur les cinq continents. Elle fut canonisée par Pie XII en 1940.

Bienheureux Noël Pinot 1747-1794

Qui était Noël Pinot ? 

Né à Angers en 1747, Noël est le dernier enfant d’une famille nombreuse. À 18 ans, il entre au grand séminaire et est ordonné prêtre cinq ans plus tard, en 1770. Après onze ans comme vicaire de diverses paroisses, il est nommé aumônier des incurables d’Angers. Au chevet des malades, il montre un dévouement exemplaire et tout le monde l’apprécie.
En parallèle de ce service, il poursuit ses études à l’université afin de pouvoir être nommé curé. Une fois diplômé, il est envoyé dans la paroisse du Louroux-Béconnais, à l’ouest d’Angers, en 1788. Il y montre une attention particulière pour les pauvres, parfois jusqu’à se priver de la nourriture et du linge dont il a besoin.

« En vérité, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres. Car tous ceux-là, pour faire leur offrande, ont pris sur leur superflu mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre » (Lc 21, 3-4). Ce que Jésus a dit de cette veuve dans ce passage de l’Évangile de Luc, il aurait pu le dire de Noël Pinot.


En 1789, la Révolution éclate. Au début, l’abbé Pinot se montre plutôt favorable à ce changement car il promet de sortir les plus démunis de la misère. Mais lorsqu’est promulguée la Constitution civile du clergé, le curé du Louroux s’y oppose. En effet, cette loi oblige l’Église à se soumettre à l’État. Les clercs deviendront des fonctionnaires. Les évêques ne seront plus nommés par le Pape, mais élus par tous les citoyens, qu’ils soient catholiques ou non. En ce sens, les prêtres qui s’opposent à ce texte peuvent être considérés comme des défenseurs de la laïcité. Ils entendent séparer l’Église et l’État. Ces prêtres dits « réfractaires » sont nombreux dans l’Ouest. Ils refusent de prêter serment à la Constitution pour rester fidèles au Pape. En 1791, Noël Pinot explique ce refus dans une homélie et est arrêté. Après deux ans de prison à Beaupréau, dans le sud du Maine-et-Loire, il voit le vent tourner. Les guerres de Vendée éclatent. Des paysans se révoltent contre la République, notamment pour défendre les prêtres réfractaires. Libéré par les rebelles, Noël retourne donc dans sa paroisse, où il devra célébrer dans la clandestinité. En effet, un prêtre fidèle à la Révolution a été nommé à sa place et l’abbé Pinot devra se cacher chez des paroissiens.
Au fil du conflit, les Vendéens enchaînent défaite sur défaite. Noël est en danger, mais il tient à rester auprès de ses ouailles. Les soldats le recherchent mais ses amis prennent des risques pour qu’il puisse rester dans la région.


Finalement, il est dénoncé en février 1794 et arrêté au hameau de La Milandrie. Emmené à Angers, il ne dénonce aucune des personnes qui l’ont aidé. Son juge est un prêtre défroqué. Celui-ci condamne à mort le prisonnier et lui propose de monter à l’échafaud vêtu de ses habits liturgiques. Est-ce par provocation ou pour lui faire honneur ? Nul ne le sait. Quoi qu’il en soit, Noël accepte avec joie. C’est donc en tenue de célébrant qu’il marche vers la guillotine, le vendredi 21 février 1794, vers trois heures de l’après-midi. Il aurait alors prononcé les premiers mots de la messe en rite tridentin : « Introibo at altare Dei ». Son martyre est ainsi associé à celui de Jésus sur la croix. 
Le 31 octobre 1926, le Pape Pie XI béatifie Noël Pinot. En tant que bienheureux, il peut recevoir un culte public au sein du diocèse d’Angers.