Un livre-hommage sur Edmond Durand, juste parmi les nations


L’ancien journaliste Yves Durand publie ce mois-ci un livre qui retrace l’histoire du sauvetage d’enfants juifs en 1943-1944, par son père Edmond Durand. Plus tard, ce dernier fut longtemps engagé au service de l’Église de l’Anjou.

Ce dimanche 9 juin, le livre « Tu leur diras que… » (éd. Geste, collection Nouvelles sources) sort en librairie.

Il retrace l’histoire vraie du sauvetage de quatre enfants juifs pendant la deuxième guerre mondiale dans le sud de la France. L’un des héros de ce récit est Edmond Durand : un fervent chrétien qui, plus tard, collabora pendant trente à la revue la Semaine religieuse, ancêtre de la revue diocésaine.

L’ouvrage « Tu leur diras que… » a été écrit par son fils Yves Durand, ancien journaliste au Courrier de l’Ouest.

Depuis toujours, l’auteur a « entendu parler de ces enfants » accueillis en 1943 au collège ‘moderne et technique’ de Castres, dans le Tarn. Onze enfants, que le directeur prend le risque d’accueillir alors qu’on est en pleine guerre. « En toute confiance », il met dans la confidence Edmond Durand, le jeune surveillant général de l’établissement. Ce dernier connaît bien le collège car, orphelin de père, il y a été interne.

« Tu leur diras que ce sont des réfugiés alsaciens » lui souffle discrètement le directeur. Âgés de 12 à 17 ans, ils arrivent pour la plupart d’institutions pour enfants juifs dans lesquelles leurs parents les y ont placés en sécurité. On leur a demandé de se déclarer « orphelins », ce qu’ils font, ignorant pour certains qu’ils ne reverront plus jamais leurs parents, déportés dans les camps de concentration.

Pendant une année scolaire, les enfants dont les noms sont changés (pour devenir Véron, Carmeaux…), vont suivre le rythme de l’internat comme les autres.

En juin 1944, le collège ferme, il faut disperser les enfants par sécurité « car les Allemands sont encore là » précise Yves Durand, qui se penche dans son ouvrage sur quatre d’entre eux.

À la fermeture du collège, le jeune enseignant Edmond Durand accueille l’un des quatre surnommé « le petit Georges », pendant 5 mois dans la maison familiale de Dourgne chez sa maman veuve, « madame Alice ». Georges, de son nom d’origine Wajnberg, rejoindra ensuite son oncle à Paris, les autres membres de sa famille n’ayant pas survécu. Il fera carrière dans la confection. Un autre, Shima Arom dont le nom français est « Fred Aubert », deviendra musicien professionnel. Il vit toujours aujourd’hui, comme « Daniel », devenu reporter photo pour la presse juive internationale.

« Je n’ai fait que mon devoir » dira Edmond Durand en recevant la médaille des justes.

Quant à Edmond Durand, il se marie, devient père de quatre enfants. Sa carrière d’enseignant le mène en Anjou. Les échanges épistolaires avec ses protégés se distendent… Pour ne reprendre qu’à la faveur de la médaille des justes, qu’il reçoit en 2000. Retrouvailles émouvantes avec certains d’entre eux âgés de 70 ans.

« Il a dit qu’il n’avait fait que son devoir, mais mon père a toujours été habité d’une foi profonde, explique son fils Yves. « Même s’il avait reçu une éducation républicaine par son père et grand-père qui étaient un peu ‘bouffeurs de curés’ ». La foi lui vient du côté maternel : « sa maman était très tournée vers la religion. Et mon père priait, méditait beaucoup. Il se plongeait régulièrement dans la Bible » dévoile encore Yves Durand avec « admiration et émotion ».

« On regrette toujours de ne pas avoir assez parlé ensemble. Au moment où il a été décoré, j’étais dans ma vie professionnelle et familiale…  Aujourd’hui, par ce livre, je lui rends ce bel hommage » conclut-il.

Pour aller plus loin :

=> Dédicace de l’auteur : mardi 11 juin, de 14h à 18h, au centre Saint-Jean à Angers, en partenariat avec la librairie Siloë.

=> Une exposition jusque fin septembre, sur le convoi n°8 au centre Saint-Jean à Angers